Sania revint avec un peu de viande et ouvrit la porte, tombant sur Kalem et la dragonne qui s'égayait joyeusement en direction de la voleuse/mage/druidesse/autres. Chose étrange, depuis sa récupération, elle n'avait jamais été aussi active...

Pendant ce temps, Duke peaufinait sa technique de maîtrise des noeuds.

« Bon, c'est bien elle qui devait avoir faim.
Il vous reste des choses à voir ou vous avez déjà fini ? »
Sania commença à nourrir la petite bête, en faisant attention à ses doigts.

« Je pense que ce sera tout, merci. »

Ichabod se dirigea vers la porte de la cabine et au moment de sortir, ajouta :

« Avons-nous un moyen de nous assurer qu'elle ne mettra pas le feu au navire ? »

« J'ai l'impression que vous êtes la plus à même de savoir ce que peuvent faire ces créatures. Si vous êtes sûre que le navire ne craint rien... Le dragon est sous votre responsabilité pour l'instant. »

Le grand-vicaire sortit de la cabine sans laisser le temps à Sania de répondre pour se diriger vers la sienne où l'attendait une lecture entamée.

Le gros de l'hiver étant passé, le navire évita les vilains grains et put mettre à profit les capacités d'Ichabod pour avancer à pleine vitesse. Finalement, au bout de 12 jours, Sania, perchée sur son mat, et Ergoth, perché sur Sania, purent remarquer et s'exclamer en coeur:

« Sanctuaire en vue! »

Les marins s'affairèrent à ranger un peu le navire, lui redonnant un petit coup de propre avant l'arrivée, sous le regard amusé de Brent, qui expliqua:

« Le maître de la flotte n'aime pas quand les navires sont sales ou mal rangés... Il doit être encore plus maniaque avec ça qu'Alessa et son chignon... »

Le navire rangea ses voiles sauf une, le capitaine manœuvrant avec finesse pour atteindre une distance suffisante pour lancer les amarres et tirer le navire à quai. Désormais amarré aux quais de Fureur, nombres de travailleurs des quais observaient le navire avec surprise et intérêt avant d'être dispersés et ramené à l'ordre par un géant, enfin, du point de vue humain. Dépassant les deux mètres et le quintal largement, l'homme tiré à quatre épingles en uniforme braillait sur les travailleurs avant d'atteindre le navire:

« Toi, enroule mieux ces amarres. Et toi, remets ces caisses correctement, elles peuvent tomber. Faut tout faire soi-même ici, ma parole!

Brent! Bordel, ça fait plus de 3 mois que vous êtes partis! J'exige des explications! »

Une jeune femme blonde dépassa le géant en trottinant et lâcha quelques mots au passage:

« Laissez-le respirer, Jean. Si vous alliez voir au calfatage si il s'y passerait des choses intéressantes, pour changer? »

Soupirant lourdement, l'homme se détourna et repartit sur ses pas après avoir opiné du chef et la blonde grimpa à bord, une fois la passerelle mise, et sauta au cou du jeune homme:

« Brent, tu m'as terriblement manqué! Trois mois, sans te voir, c'était si long... »

Brent bafouilla quelques mots et s'écarta vite fait:

« Béh... euh... toi aussi, tu m'as manqué... Enfin, pas comme ça, quoi... C'est que... »

Les matelots pouffaient de rire en se détournant et le regard de la jeune femme dériva sur eux avec un sourire malicieux:

« Vous aussi, vous m'avez manqué... Mais pas pareil... »

L'oracle observa ensuite les aventuriers avec un sourire aimable:

« Bienvenus à vous, Ichabod, Sania, Tara et Duke. Je suis Linéa, l'Oracle de Fureur. Mais passons, vous voulez peut-être vous dégourdir les jambes, les salutations viendront plus tard! Vous êtes les bienvenus ici pour aussi longtemps que vous le souhaitez... Partageons un repas ce soir, qu'est-ce que vous en dites? Comme ça, chacun aura le temps de faire ce qu'il a à faire. »

Après avoir répondu aux formalités d'usage, la blonde entraîna alors le jeune homme vers les cabines en gloussant niaisement:

« Toi, viens là! »

Alessa et son chignon apparurent brusquement aux côtés de Linéa, souriant aux voyageurs à mesure qu'ils rejoignaient la terre ferme. Elle resta poliment en retrait malgré tout, semblant attendre la réponse des uns et des autres à l'invitation de l'oracle.

Duke se cura une oreille tandis que le géant beuglait. Pour lui, tous les humains étaient plus ou moins des géants, alors bon...

Il allait s'attaquer la seconde oreille quand apparut une petite blonde sautillante. Mais, comprenant vite qu'elle ne sautillerait pas pour lui, il attaqua sereinement sa deuxième excavation.

Puis il lui répondit, une fois qu'elle eût lâché le capitaine :

« Ouai, très bien, ce soir, parfait. Bah si vous m'cherchez moi chuis à la taverne pour gens de petites tailles de la place du marché. "Le Hobbit Jouflu", si j'ai bonne mémoire. »

Le brave Ichabod pouvait bien dire ce qu'il voulait, avec ses dindes rôties et son hydromel ambré magique, rien ne valait un bon vin râpeux, une bonne tartine de gras chaud et salé et une gentille demoiselle qui ne lui mettrait pas son nombril sous le nez dès qu'elle lui parlerait, après autant de temps passé sur ce navire, entouré d'hommes et de femmes qui maniaient pus aisément l'épée que, heu...l'aiguille.

Ça lui ferait du bien de se trouver parmi des gens de sa taille, dans un endroit où le plafond n'était pas situé à un milliard de kilomètres au-dessus de sa tête.

Oui, je sais, Céloth blabla humains blabla racistes, mais y a bien un coin pour halfelins (et quelques rares gnomes) dans ce foutu patelin, non ? Je serai très désappointé si non. Et j'irai mevanger sur une tripotée de grandes filles aux nombrils affolants, si c'est le cas.

Sania avait récupéré ses affaires et était bien vite prête à descendre. Bon, elle avait avec elle quelques machins appartenant à ce corvo rencontré dans les brumes de l'île qu'elle comptait bien revendre. Armure, faux, et tout ce bazar. A part les sous-vêtements, elle ne lui avait pas laissé grand chose. En même temps, c'était un cadavre.

Elle avait repris son apparence de mercenaire guerrière, aux cheveux noirs et manquant de nerfs, armée et agile avec une armure légère. Celle qu'elle avait eu au début de cette aventure, quand elle cheminait aux côtés d'Aravilan et qu'ils avaient traversé la ville de Sanctuaire. L'apparence sous laquelle elle avait laissé son cheval. C'est que si un certain type allait avoir des ennuis si elle ne retrouvait pas sa monture en débarquant de Sanctuaire (ce qu'elle espérait venir bientôt), elle voulait quand même lui simplifier la chose en revenant sous l'apparence qu'elle avait lorsqu'elle le lui avait confié.

En attendant, on leur souhaitait la bienvenue sur le territoire de Fureur. Il y aurait sans doute des nouvelles de la Limace, et il y avait Jor'Fak à retrouver, qu'il la guide sur l'elfe. Si celle-ci avait déjà disparu de la ville, Sania tenait à le savoir vite.
Elle tenait à se faire payer par les elfes, après tout. Sinon, ça allait mal passer.

« Je serais là ce soir. J'ai deux trois choses à vérifier avant. »

Yael était comme souvent assis sur une bore d'amarrage , mandoline à la main , il passait quelques minutes par jour a regarder l'arrivée du bateau c'est ainsi que Linéa lui avait annoncé le retour des autres et il avait tenu a être là . Il salua de la main ceux qui descendaient du navire sans non plus les aborder , libre à eux de venir engager la conversation .

Ichabod avait passé la plus grande partie du trajet enfermé dans sa chambre, quand il ne remplissait pas ses devoirs à bord. Il s'était montré absent et préoccupé, et ses compagnons avait pu voir son appréhension croître au fur et à mesure que la Dague approchait de Sanctuaire. Il fût le dernier à quitter le navire après avoir salué l'oracle et Alessa, son sac, sur lequel était fixé l'écu de bois sombre, sur les épaules et son lourd bâton à la main. Il avait quitté ses habits ecclésiastiques et repassé sa robe de voyageur usée. Ni le reliquaire qu'il portait habituellement en sautoir, ni son anneau vicarial n'étaient visibles : à première vue, rien ne distinguait le prêtre de Céloth de n'importe quel autre voyageur débarquant sur les quais agités de Sanctuaire.

Il resta un temps hésitant au pied de la passerelle, avant que les matelots de la Dague ne le bousculent. Il se dirigea d'un pas lent vers Yael :

« Bonjour Yael. »

Le prêtre marqua une longue pause, semblant chercher quoi dire, avant de reprendre :

« Comment s'est passé l'enfantement ? Comment vont la mère et l'enfant ? »

Le halfelin partit comme une trombe pour rejoindre le bac qui l'emmènerait à Sanctuaire. Sania, quand à elle, fut stoppée dans sa course par une Aravilan, suivie de Sar'Lani et Lek'Mir avec leurs enfants. Ichabod put donc voir de ces propres yeux que l'accouchement semblait s'être bien passé et que, contrairement à ses prévisions, c'était non pas 2 mais 3 enfants que le couple se partageait. Lek, apercevant ses anciens compagnons de voyage, les salua de loin d'un mouvement de tête, ne pouvant décemment pas lever une de ses mains, les deux bras occupés qu'ils étaient par deux de ses enfants... Alessa aussi était là, dans un coin, à observer la scène sans dire un mot. Ne restait que Tara qui gardait les yeux plissés vers les coursives...

Yael eu un sourire franc pour Ichabod .« Très bien comme vous pouvez le voir , et ils se portent comme des charmes , ce qui n'a pas l'air d'être votre cas , vous semblez anormalement fatigué .Y a t il quelque chose que je puisse faire pour vous ? »

Sania s'arrêta. « Ça fait plaisir de vous revoir. » Elle ajouta : « La couronne ? Lek, je vais avoir quelque chose pour vous », elle désigna les deux épées accrochées à côté de sa rapière. « Sange et Yasha, ça vous dit quelque chose ? »

Le sourire que renvoya Ichabod au musicien fût bien mince.

« Tant mieux. C'est une bonne nouvelle. J'ai bien peur que vous ne puissiez rien faire pour moi. Il est des épreuves que l'on doit affronter seuls. Merci Yael. »

Le prêtre s'apprêtait à s'éloigner, mais il sembla se raviser :

« En fin de compte, auriez-vous un endroit où je pourrais rester jusqu'à ce soir, s'il vous plaît ? »

Yael se leva , passa à coté du prêtre et saisit au vol le sac de celui ci .

« Venez , et laissez moi portez votre sac, si c'est le seul soulagement que je peux vous apporter , permettez moi . »
Puis il se dirigea vers une taverne qui n'était pas loin : " L'encre de Marine "

« C'est la soeur de Brent qui la tient , je pensais que vous connaissiez . J'y travaille .Vous prendrez ma chambre le temps qu'il vous faut pour vous remettre . »

La jeune femme observait le défilé de l'équipage, saluant ça et là d'un sourire quelques gabiers avec lesquels elle avait virevolté dans le gréement quelques semaines plus tôt, échangeant quelques nouvelles sur l'ennui qui semblait avoir accompagné la fin de leur traversée.

Entre deux commérages, son attention se porta sur le vicaire qui s'éloignait, le suivant du coin du l’œil.