Gontran se retourna dans son sommeil, perturbé par cette voix.
Il rêvait avant du tournoi d'automne, qu'il avait gagné, bien sûr. Il avait reçu la couronne de lauriers, vestige des temps jadis ou les généraux triomphaient avec leurs troupes et leur butin, avec un escalve leur soufflant à l'oreille "rappelle toi que le Laurier ne se digère pas. Enfin, Gontran pense que c'est cela.

Durant les trois derniers mois, Gontran avait tenté de montrer à tous son nouveau pouvoir lumineux.
Mais Paul, pour le taquiner, sachant qu'il avait l'intelligence... robuste, lui a dit que les Dieux ne pouvaient l'entendre sur le champ de Lice, car ils y laissaient les héros briller.

Gontran n'a pas réussi à briller. D'abord, il est encore trop petit (en taille, pas en âge, il y presque 16 ans) et les chevaliers adoubés étaient trop forts avec la lance d'arçon.

Donc, pas de lumière, pas de laurier. Sauf dans ses rêves. Et il brillait beaucoup dans sa chambre, le Gontran. Car il passait son temps à prier les Dieux... de l'exaucer.

Alinoë et Aara venaient parfois lui rendre visite avec Aurgelmyr pour vérifier ses avancées dans l'art de la chevalerie. Il ne leur parlait pas, trop gêné de ses performances...

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« J'ai besoin de héros. »

Gontran se redresse dans son lit
« Je ne suis pas encore un héros ... Je n'ai pas encore brillé sur le champ de Lice!
Mais.. puis-je avoir un peu d'aide divine hors de cette cellule ?
Je sera votre champion pour toujours! »

Assis dans son lit, les draps tordus en nœuds moites autour de ses cuisses, Grontran parle au vide.

Il n'y a aucune réponse.

Aucune sauf que la musique palpitante qui dérive à travers sa fenêtre avec l'étrange lumière violette.

Il est seul dans sa cellule.

« SCRATCH ! »

Et quelque chose grimpe sous sa fenêtre.

Gontran ramasse son épée de chevalier, va a la fenêtre et hardiment dit « Du vent, vil profanateur! »

Devant la fenêtre de Gontran, Portebraise se couvre d'une nuit de lumière violette.

La boucherie qu'il habite au-dessus est fermée et silencieuse, de même que les ateliers et forges avoisinants. Sous une boréale violace, une urbanité dense se repose.



Gontran crie vigoureusement, audacieusement penché à sa fenêtre brandissant son épée de bois.
Dépasser la fenêtre du deuxième étage, il remarque que le mur de sa maison est recouvert d'herbe à une grande distance.

« SCRATCH ! »

Baigné de lumière violette, un chevalier pointe sa lance sur Gontran. Déchirant l'herbe avec ses sabots, son destrier noir trotte de côté en se préparant à charger.

Curieusement, le chevalier rival est lilliputien, pas plus grand sur sa monture que Gontran ne l'est à la cuisse.

Gontran se tourne vers le placard et en ressort sa monture, qu'il enfourche fougueusement.
Il prend dans la main gauche sa lance. Il passe par la fenêtre et fonce vers son adversaire du tournoi, sa lance dégoulinante du sang de ses ennemis
Il faut que je pense à l'essuyer après le combat... les tâches de sang, c'est salissant!

Soudain, sa monture fait une embardée et semble tomber vers le sol. Gontran tente un rétablissement, pour garder son assiette.

Le choc est rude, mais il réussi après une pirouette à revenir sur sa monture.

Le petit adversaire est maintenant tout près. Notre apprenti chevalier frappe alors l'ennemi de toutes ses forces, visant le bouclier, comme il se doit, pour le faire chuter, et non pas le heaume, ce qui pourrait causer problème, comme la mort de l'utilisateur du dit heaume.


Touché! L'ennemi va t'il chuter ?

Au-dessus la rue principale de Portebraise ...

Une étrange mêlée se déroule. S'il y en avait eu une personne éveillée et dans la rue, elles auraient vu l'excentrique Gontran se précipiter vigoureusement par sa fenêtre, un balai entre les genoux, une serpillière crasseuse sous l'aisselle. Il se penche par la fenêtre comme s'il est inconscient de la gravité, lançant courageusement sa vadrouille vers une minuscule figure encapuchonnée, chevauchant une araignée de la taille d'une citrouille.

« Han ! »

« SPLAFF ! »

Un coup direct de la serpillière imbibée envoie l'araignée se balancer dans les airs sur un fil violet ...

C'est ce que verraient une paire d'yeux rationnels. Ce que voit Gontran est une autre affaire.

Sa tête a le vertige alors qu'il grimpe sur le terrain du tournoi comme une taupe sortant de son trou. Le petit cavalier sur son cheval noir reçoit le coup de sa lance sur son bouclier et s'envole dans les airs, se posant avec agilité sur un mât de drapeau.

Une force furieuse comme un vent souffle Gontran vers les fortifications bordant le champ de bataille, et il semble s'être dépassé avec sa dernière attaque ...

Un petit oiseau qui passait par là a vu un bipède se prendre pour un volatile.

Repérant une araignée dodue, il fonçait dessus quand il vit le fâcheux
sauter par la fenêtre pour frapper de sa serpillière sa proie.

Puis, faisant des pirouettes spectaculaires, il fit un roulé-boulé sur le sol en contrebas, s'en tirant
avec un balai cassé... puis il le vit ramasser un os de gigot qui pourrissait et dire

« Un dragon! Un dragon volant. Viens, si tu est brave! »


L'oiseau s'enfuit à tire d'aile loin de cet hurluberlu.

La petite dragonne passe au-dessus de Gontran dans un arc gracieux, sa cavalière à capuche toujours menaçant Gontran avec un poing minuscule.

Gontran balance sa lance à deux mains, envoyant un panache de sang jaillir de la pointe trempée. La dragonne plonge comme un pendule, s'échappant à l'attaque.

Gontran remonte sur sa monture...

non! Elle est blessée à mort... Tant pis, soyons piéton.

Gontran se rappelle du récit du grand Frodo qui, armé de son Dard, a tranché les toiles de
l'Universelle Araigne.

Il prend son épée et tranche dans les soyeuses toiles, s'approchant de l'ennemie honnie.

Les voisins vont avoir quelques vêtements à rapiécer... une hache de boucher, ça coupe les braies en deux!

Le piéton réticent se tient dans la nuit, une serpillière dégoulinante sous une aisselle et une hache de boucher dans l'autre main, un balai brisé jeté à ses pieds dans la rue.

Criant et hachant les toiles d'araignées qui pulsent une mélodie étrangère, l'apprenti boucher se comporte comme un maniaque. Au-dessus, se balançant en arcs audacieux sur des brins violets, le petit cavalier et sa monture araignée harcèlent Gontran avec un largage de brins.

Mais dans les yeux de Gontran, il se dresse avec défi sur le terrain du tournoi, son cheval mourant dans l'herbe, les gradins des deux côtés curieusement vides alors qu'il joute avec le petit chevalier sur sa monture volante.

Mais qu'est-ce que c'est ? Le boucher fait irruption sur le terrain du tournoi, brandissant un couperet et autrement nu ! Inconscient de l'araignée qui rôde au-dessus de lui, il trébuche d'un air endormi, regarde Gontran et hurle : « Mon gosse, qu'est-ce qui se passe ? »

Gontran répond

« Mon maître! Gardez-vous à droite, vous vous embourbez dans un piège!
Laissez-moi vous dégager! »

Gontran laisse tomber ses armes et prend le boucher par le bras, tirant de toutes ses forces pour le ramener à la maison.

Le boucher semble abasourdi alors que Gontran le saisit par les coudes et tente de le ramener à l'intérieur. Ses yeux ne s'alignent pas tandis qu'ils reflètent la lumière violette du soir.

Dans cette mêlée confuse, l'araignée jette une boule de toile qui colle les pieds du boucher et il trébuche.

Gontran est fier comme un paon d'aider son maître à fuir le combat. Il voit partout du public qui semble suspendu à leur siège, en attente d'un exploit physique pour tirer le gros boucher hors de danger.


Sans effort apparent, il le ramène au bercail, sous les applaudissements de la foule.
Une fois sur le pas de la porte, Gontran salue la foule!

De retour dans la rue, Gontran voit un autre ennemi se joindre à l'assaut aérien : un dragon à huit pattes s'abaisse vers lui d'en haut, se déplaçant au ralenti comme suspendu plutôt que volant.

Le dragon originel avec son petit cavalier se balance directement vers Gontran dans une charge furieuse !

Sur quel agresseur se concentre-t-il ? Que fait-il ?

Gontran, summergé par le nombre, s'assie sur le sol et appelle un Dieu à la rescousse.

Par la même occasion, il sent l'odeur de l'étal du boucher. Sa conviction vacille

Suis-je vraiment au champ de lice, est-ce un rêve? NON! C'est une illusion des démons!
Je dois vaincre ces dragons. Oh! Dieux! Lequel choisir ?
Il me faut tuer le dragon qui va attaquer ma Dulcinea. Lequel ?
Oh! Dieux! Un signe!

Assailli par deux ennemis aériens, Gontran choisit de ne pas se défendre avec un bouclier ou une épée, mais avec une prière.

Assis dans la rue, les fragments brisés de son balai autour de lui, il reçoit une vision :

Regardant d'une ville de marbre, sa vision s'étend à travers les champs et les forêts et à travers les montagnes, plongeant profondément dans l'obscurité, dans une crevasse humide au cœur des montagnes. Là où rôde un être animé par un instinct maternel pour nourrir sa progéniture avare en chassant et en enveloppant sa proie.

Roué et meurtri, allongé sur le sol de sa caverne, un héros improbable a fouillé dans l'obscurité pour son épée, la trouver au moment critique où le poids de cette ancienne faim s'est abaissé de ses toiles et s'est enfoncé sur la pointe relevée. Sauvagement, elle frissonne alors que la pointe la piquait profondément.


Plutôt que d'envoyer un signe, les dieux choisissent pour lui :

L'araignée et son cavalier font une embardée plutôt que de se battre avec le puissant Gontran, giclant des cordes au passage qui collent son genou gauche et sa main aux pavés.

Au-dessus, la grande araignée descend vers Gontran, assez près pour que Gontran puisse voir les poils se hérisser sur ses mandibules avides.