Zeneviva était une très belle jeune femme aux lèvres d'un rouge éclatant, comme si une pétale de rose rouge vif était venue se poser sur ses lèvres un jour et ne l'avait plus jamais quitté. Sa beauté rayonnante, presque mystérieuse, était évidente même pour Alinoë qui n'était pourtant qu'un enfant.
Il aimait son rire cristallin. Mais ce rire si beau et pur peu de gens le connaissait, elle ne le partageait qu'avec son frère et sa famille.
La candeur évidente d' Alinoë plaisait beaucoup à Zeneviva et il avait gagné sa confiance.
Zeneviva était aussi bien mystérieuse. Elle avait tout récemment acquis des dons bien particulier auprès d'un voyageur des terres coulantes, et savait maintenant faire des potions à base de plantes aux effets dont elle seule avait le secret.
Mais contrairement à Alinoë, qui lui aussi possédait une forme de don pour la guérison, Zeneviva s'en servait à des fins mercantiles. Ses potions avaient un prix et sa clientèle étaient riches. Pourquoi faisait-elle ça, il ne le savait pas. Pourquoi rentrait-elle parfois si tard la nuit en pleurant, il ne le savait pas non plus.
Pour lui, Zeneviva était une magnifique rose rouge mais qui possédait encore quelques dangereuses épines.

Alinoë avait été attiré ici par d'étranges vibrations provenant des fils violacés de la toile généré par les nombreuses araignées qui étaient soudainement apparues dans la nuit. Suivant un temps Huitparcinq qui le distança fort rapidement, il aperçut Aurgelmyr "entravé" dans la toile, tendant ses bras au-dessus de lui, comme jouant avec les fils.
Alinoë remarqua qu'il avait les yeux fermés, et cela l'affola. Aurelmyr était seulement conscient se demanda-t-il.

Il se précipita alors sur lui, plongeant à califourchon sur ses hanches et se mit à appuyer fortement sur sa poitrine par à-coups.
« Aurgelmyr, Aurgelmyr, que se passe-t-il, réveille-toi, ré-vei-lle-toi »

Aurgelmyr se projetait le long des fils par la pensée. Il ne trouvait aucune cohérence à cette cacophonie, chacun jouant son étrange partition. Il ne chercha plus de logique et se projeta mentalement le long d'un fil, pour découvrir un de ces musiciens.


Il eut à peine le temps d’entrapercevoir qui se tenait au bout du fil, que son esprit fut attiré rapidement en arrière et réintégra son corps.
Se coupant momentanément du rêve, il s'aperçut qu'il était en équilibre sur un fil au dessus du lac.


Mais, l'adrénaline aidant, il parvient à conserver son équilibre.
« Hein, quoi, Alinoë ? c'est toi qui fait cette musique ? »
Scène surréaliste que cet équilibriste à demi-ensommeillé, funambule sur son fil étrange, avec un enfant juché sur ses épaules.

Alinoë fut soulagé du réveil d' Aurgelmyr, et l'accueillit avec un grand sourire, le sourire qu'il arbore habituellement en quasi permanence.
« Tu m'as fait peur un instant, enfin j'étais inquiet plutôt. Tu as l'air d'aller bien...
Non ce n'est pas moi qui fait cette musique, ce sont les fils » dit-il en se saisissant d'un fil de la toile tout autour d'eux.
« On dirait qu'ils chantent, et ils "parlent" aussi. Enfin je veux dire ils transmettent des messages, c'est comme ça que je t'ai trouvé. »

Alinoë tenant toujours le fil entre ses doigts tourna alors soudainement sa tête dans une autre direction.
« Mais je t'expliquerai mieux plus tard, il y a quelqu'un d'autre qui a besoin d'aide. Tout le monde dort, alors c'est à nous d'y aller tu comprends »

Alinoë secoue un peu Aurelmyr qui semble toujours comme dans un rêve et par dans la direction de la lutte en s'accrochant à la toile pour se déplacer
« Sers-toi des fils Aurgelmyr, ils sont costauds, mais fais attention quand même hein » lui lance-t-il toujours souriant.

Aurgelmyr tentait de reprendre ses esprits, ce qu'il n'avait pas l'habitude de faire.

« Je te suis.
mais il y a ces araignées, une rouge m'a menacé, les violettes me semblent moins intéressés par nous.
As-tu eut affaire à elle ? »

Alinoë se servait des fils avec une certaine aisance maintenant, il commençait à s'habituer à cette nouvelle manière de se déplacer.
« Pouh, pas vu d' araignée rouge non.
Par contre, il y avait un petit bonzommebonhomme sur une des violettes, il s'appelle Huitparcinq et c'est mon ami » dit-il à Aurgelmyr en tournant la tête vers lui, son éternel sourire sur son visage.
« tu verras il est très gentil hihi »

Pendant que les deux parlent, trois araignées aux yeux violets les surveillent. L'un grimpe sur un mât et regarde vers le bas, tandis que les deux autres se déploient de chaque côté de la paire d'amis.

« CRIN CRIN ! » ils bougent leurs pattes arrière comme des scies sur la toile, en un signal qu'Alinoë interprète comme signifiant : « préparez-vous à les capturer... »

Tandis qu' Alinoë et Aurgelmyr parlait tout en se déplaçant entre et avec les fils de la toile, Alinoë sentit un léger frisson lui parcourir l'échine lorsqu'il remarqua les manoeuvres des araignées violettes.

« Mais que faites-vous ? je croyais que nous étions amis... » leur lança-t-il, presque pantois.
« Je suis l'ami de Huitparcinq en tout cas, et je vais aider un autre ami qui a besoin d'aide.
Nous ne vous voulons aucun mal, juste aller par-là bas » finit-il par dire en pointant du doigt dans la direction où ils se rendaient.

Bien sûr Alinoë ne savait pas réellement qui était en danger par là-bas, mais pour lui tout le monde était ses amis, il ne mentait donc pas.
Il ne savait pas non plus si les araignées le comprenaient, mais jusqu'ici tout le monde, où plutôt toute chose, du plus petit caillou au plus gros insecte, en passant même par le vent ( des fois ), le comprenait. Alors pourquoi serait-ce différent maintenant.
Il avait eu conscience cependant qu'il était bien le seul à pouvoir le faire, il décida donc "diriger" Aurgelmyr.

« N'ais pas peur Aurgelmyr, avance tout doucement comme moi, et normalement cela devrait aller ».

Cela sembla fonctionner, mais Alinoë resta prudent tout en continuant à "marcher" dans l'entrelacs de fils.

Traversant les toiles au-dessus de Lac Lytham...

Aurgelmyr et Alinoë marchent et grimpent parmi les toiles au-dessus des ponts des péniches bondées. Aux moments où les fils les mènent vers le haut d'un grand mât, ils voient au-dessous d'eux le réseau de toiles qui recouvre toute la communauté nautique et qui répand sa lueur violette jusque dans les basses terres de Hautecolline.

Ici et là travaillent des araignées aux yeux violets, élargissant et renforçant la toile, tout en contribuant à la musique lancinante. Bien qu'ils ne soient pas indifférents au couple itinérant, les appels amicaux d'Alinoë semblent apaiser suffisamment leur antipathie pour les garder concentrés sur leurs tâches.

Niché dans l'ombre sur une péniche en contrebas, un bras dépasse d'une masse en forme de cocon dans la toile, la main détendue comme si elle dort. Dans d'autres endroits, les araignées grimpent à travers les hublots, apportant leurs toiles à l'intérieur des cabines des péniches.

Au milieu de l'atmosphère soporifique, la toile porte les vibrations de luttes isolées de différents quartiers du lac et de la ville:


Alinoë distingue une voix familière qui résonne jusqu'à ses pieds depuis Portebraise, suivi par un autre, vrombissant à travers la toile :

« Ami Alinoë...
Il y en a ici un fougueux qui tue des araignées!
Aide-nous à le calmer. »

Peu de temps auparavant, Aurgelmyr avait senti quelque chose au sein de la toile. Étrangement, il s'y sentait une sorte d'affinité. Maintenant qu'il avait retrouvé Alinoë et que, selon l'enfant, les araignées ne se montraient plus hostiles, il voulait explorer cette voie.

« Avant d'aller régler le problème du furieux, Alinoë, tu permets que je "sente" la toile ?
Il y a une mélodie étrange, une sorte de cacophonie, de musique libre, mais je voudrais savoir si elle a un sens. »

Le bibliothécaire se concentra alors, et propulsa son esprit dans l’entrelacs des toiles, pour tenter d'en découvrir l'origine, dans les cavernes sous la montagne.

Alinoë s'arrêta aussitôt lorsqu' Aurgelmyr le lui demanda, et acquiesça de la tête. Mais au bout d'un moment il fit soudain signe d'impatience alors qu'il venait de recevoir le message de Huitparcinq.

le message suivant se déroule après la concentration d'Aurgelmyr

« ça y est tu as fini ? »demanda impatient Alinoë
« Mon ami me dit que quelqu'un tue des araignées, il faut l'en empêcher s'il te plaît »

Descendant encore une fois dans la musique...

Aurgelmyr sent quelque chose de familier, un phénomène caché dans les mélodies de l'orchestre arachnide, une création consciente semblable à ce qu'il manie lorsqu'il manifeste ses créatures imaginatives.

Plutôt que de manifester des êtres, cette musique fait naître un monde vibratoire, un plan d'imaginaire collectif qui séduit l'esprit, l'invitant à jouir.


Tout autour d'eux, la musique hypnotique se métamorphose, comme un rêve virant au cauchemar.

Et vibrant sur la toile, un message trille sous les pieds d'Alinoë :

« Hâte-toi, ami Alinoë, hâte-toi... »

Alinoë était tiraillé entre rester avec son ami Aurgelmyr et se précipiter pour aller secourir son nouvel ami Huitparcinq qui l'appelait à l'aide avec insistance.
Il resta alors auprès d' Aurgelmyr un instant qui sembla une éternité pour lui, puis que celui-ci soit sorti de sa torpeur ou non, il s'empressa de rejoindre Huitparcinq, non sans oublier de le prévenir:
« Aurgelmyr le temps presse, mon ami m'appelle encore, je dois y aller, rejoins moi dès que tu le peux »

Il se saisit alors du fil d'où provenait le message, et le fit glisser dans ses longs doigts fins tandis qu'il se déplaçait au plus vite pour retrouver Huitparcinq.

« Suis le fil tendu Aurgelmyr » lui cria-t-il en s'éloignant.

Alinoë était très inquiet pour Huitparcinq. Il savait que quelque chose n'allait pas. Il n'était pas dupe, il avait vu le cocon avec la personne à l'intérieur, il avait vu les 3 autres araignées qui semblaient plus agressives. Il se doutait que quelque chose ne tournait pas rond et que les araignées commençaient à "envahir" Haute-Colline, mais c'étaient les hommes d'ici qui avaient déclenché cela en creusant la montagne avec leur pioches.
Il fallait régler cela au plus vite avant que la situation n'empire.

Alinoë "courrait" à toute hâte, aussi vite que ses frêles et agiles jambes pouvaient le transporter.
Ahhh Louve, si tu pouvais être là en ce moment avec moi, je sais que ton pouvoir sur les animaux est plus puissant que le mien pensa-t-il soudainement.

« La musique est vivante, elle est plus grande que les araignées. »

Aurgelmyr reprit pied dans cette réalité, sachant que ce n'était qu'une facette d'un enchevêtrement de mondes plus complexe.
Il ne prit pas le temps d'approfondir ses réflexions, selon Alinoë, il y avait urgence même si le bibliothécaire n'avait pas compris tous els détails.
il se précipita donc à sa suite, suivant le fil indiqué par l'enfant aux cheveux verts.