Aurgelmyr bougea dans son sommeil, perturbé par cette voix.
Il essayait de réaliser où il se trouvait, ses souvenirs étaient confus. Non pas dans l'estomac du dragon, non pas dans un cachot et encore moins chez lui. La créature merveilleuse l'avait recraché aux alentours de la cité, non loin du lac, dans une zone qui n'était pas touché par les Terres mouvantes. Tous étaient d'accord, le jeune bibliothécaire ne devait pas rentrer en ville, son sort avait ét jugé par avance par les Universitaires. Encore hébété par le merveilleux de la rencontre avec Zor, ses rêves prenant de plus en plus corps dans la réalité, Aurgelmyr ne savait que faire; heureusement ses compagnons étaient plus éveillé que lui et avait contacté Zeneviva, une jeune guérisseuse qui avait proposé de l'héberger sur sa péniche le temps que cette affaire se tasse. Il lui avait donné tout l'argent qui lui restait pour la dédommager, mais surtout l'aider au quotidien dans les diverses tâches à la fois ménagères, mais aussi alchimiques, domaine qu'il maîtrisait peu. Il apportait toutefois à Zeneviva son savoir théorique, ce qui faisait défaut à la jeune fille, dont l'art relevait de traditions ancestrales.
Durant ses deux mois, Aurgelmyr avait aussi tenté d'explorer son don, sa malédiction. Il tentait d'invoquer des créatures issues de son imagination. comme il n'était pas affecté par des émotions extrêmes comme lors de ces jours fatidiques, il semblait avoir une maîtrise partielle. Et il s'aperçut aussi que els créatures étaient plus petites, moins terribles. du coup, il comprit que l'intensité des émotions réduisait son contrôle mais renforçait la puissance de ses invocations. Zeneviva réfléchissait aussi, mais n'avait guère d'explications là lui fournir.
Alinoë et Aara venaient parfois lui rendre visite en toute discrétion et lui apporter des nouvelles de la Cit. leur journée d'aventures avaient créée des liens fort entre eux. Aurgelmyr demandait aussi des nouvelles de Svetozar, culpabilisant devant l'infirmité qui avait frappé son ami par sa faute.

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« J'ai besoin de héros. »

Aurgelmyr n'arrivait pas à se redresser dans sa couche, il sentait une présence, près de lui, dans la péniche.
« Je ne suis pas un héros ....
Je veux juste m'échapper d'ici .. »
Il tentait de s'éveiller, mais n'y arrivait pas, d'autant qu'il se sentait paralysé aussi, ne pouvant que tourner la tête àla recherche de cette présence.

La barge oscille dans l'eau tandis que Zenevieva passe devant le hamac d'Aurgelmyr. Une main sur le sol, l'autre sur le plafond bas de la couchette du bateau, elle se déplace accroupie. Arrivée au hublot, elle soulève furtivement le volet, regarde dehors et halète de manière audible.

« SCRATCH ! »

Un grattement sous la fenêtre.

Pendant les derniers deux mois, depuis que Zeneviva l'a accueilli sur sa modeste péniche, Aurgelmyr avait vu la communauté du lac sud croître de façon exponentielle. Attiré par le fragment montagneux qui s'est fissuré du volcan alors que Aurgelmyr et ses amis regardait depuis le funiculaire, des bateaux et des barges de tous les coins du lac naviguaient vers le sud. Les esprits opportunistes de Haute Colline se sont empressés d'exploiter le tesson montagneux avec pioche et charrette, trouvant des géodes en forme d'œuf qui cachaient des grappes de cristaux violets là-dedans.

Malgré son air doux, Zeneviva cache un esprit ambitieux : au cours de leurs conversations, elle a souvent exprimé son incrédulité face à l'objectif d'Aurgelmyr de quitter la ville. En revanche, elle préférerait de trouver un moyen de s'installer dans la Haute Ville qu'Aurgelmyr désire tant fuir.

« Je ne te comprends vraiment pas. Tu as tes amis là-bas, l'air frais et pur, les beaux jardins, les presbytères à couper le souffle, les églises avec leurs cloches ... et tes précieux livres sont tous là. Tout cela ne vaut-il pas la peine de se battre ? »

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Ce soir, se sentait paralysé, Aurgelmyr est allongé dans son hamac. Faiblement, derrière le mur du sommeil, une volonté pas la sienne s'enfonce dans son monde. À l'extérieur de la fenêtre, Zeneviva sent le danger.

« Parce que tout Haute Colline est figée alors que le monde autour est en mouvement.
Cette inertie sent la mort ... »
C'est ce que Aurgelmyr avait répondu à Zeneviva mais cette nuit, il avait d'autres préoccupations.

Avec le temps, il commençait à mieux gérer ses angoisses. Il avait déjà été paralysé dans son sommeil, ce qui provoquait des visions terrifiantes. Il n'arrivait toujours qu'à bouger sa tête mais il s'était mis à compter intérieurement pour réguler sa respiration. Il devait chasser sa peur, avoir un souffle régulier, reprendre le contrôle de son corps. Il savait que s'il laissait la peur prendre possession de lui, des choses affreuses pouvaient se produire. Il refoula la présence de son rêve.
Au bout de quelques minutes, au prix d'un grand effort, il réussit à se redresser. il se leva du lit et s'approcha du hublot. De nature pacifique, il n'avait pas penser à prendre son bâton. Il voyait un halo violet. comme les cristaux trouvés dans les géodes. Pouvait-il s'agir d'oeufs , Il repoussa cette idée. car s'il y pensait, il craignait inconsciemment que cela devienne réalité ...

La cicatrice en forme de volcan sur le front d'Aurgelmyr le démange lorsqu'il pousse son visage dans la lumière violette. Sa joue près de Zeneviva, elle regarde fixement à travers des yeux qui reflètent la lueur violette à l'extérieur.

Par le hublot, Aurgelmyr regarde à la surface de l'eau la coque d'un autre bateau. Projetant des ombres à travers la brume violette, deux silhouettes s'affairent sur le pont de la péniche voisine.

« SCRATCH ! »

Et quelque chose grimpe sous sa fenêtre.

Aurgelmyr fronce son regard, la cicatrice en forme de volcan est surement liée à la découverte de ces "oeufs". Quel est le lien ?
Il n'a pas de réponse et se concentre sur ce qui arrive dans l'immédiat. Il refoule un instant l'image du Vieil Affamé grimpant jusqu'au hublot. Puis, mu par sa curiosité, il ouvre le hublot pour voir quelle créature est en train de monter. Il ne pense même prendre une arme ou se protéger. Il agit comme dans un rêve, voulant même accélérer le processus. Tout cela doit avoir un sens, bien cryptique pour l'instant.

« SCRATCH ! »

Au-dessous de sa fenêtre, près de la ligne de flottation, quelque chose s'enfuit alors qu'Aurgelmyr ouvre le hublot.

Au-dessus de la musique faible, il entend la respiration de Zeneviva, des bouffées d'air palpitant sur sa nuque. À côté de lui devant le hublot, le visage impassible, elle regarde la nuit violette.

Sur le pont de la péniche avoisinante, une silhouette bulbeuse apparaît, articule ses huit appendices en tournant, et marche vers l'autre côté du bateau, hors du champ de vision d'Aurgelmyr.

Les fils scintillent violet dans l'air.

Un rêve qui s'incarne , Encore , mais celui-ci n'est pas agressif, il en est presque beau.

Aurgelmyr regarde Zeneviva, tendrement car il sait qu'elle risque de el prendre pour fou.

« Il faut suivre le Rêve, il faut suivre la musique. C'est un pont vers je ne sais quoi. »

Tout à son idée, le jeune bibliothécaire monte sur le pont de la péniche et fice le fil qui les relie. Son image du pont en tête, il sent qu'il peut traverser ce fil tenu, que les lois physiques ne s'appliquant plus totalement en ce moment. Il se déchausse, pose un pied sur le fil. Il le sent à lui. Il n'ira pas contre, il doit l'apprivoiser. Il ferme les yeux et mu par sa seule volonté, celle qui nie la réalité objective pour ouvrir une brèche avec l'imaginaire et semble s'avancer sur el fil tel un funambule alors que lu sent sous ses pieds autre chose.

Un rêve qui s'incarne , Encore , mais celui-ci n'est pas agressif, il en est presque beau.

Aurgelmyr regarde Zeneviva, tendrement car il sait qu'elle risque de le prendre pour fou.

« Il faut suivre le Rêve, il faut suivre la musique. C'est un pont vers je ne sais quoi. »

Tout à son idée, le jeune bibliothécaire monte sur le pont de la péniche et fixe le fil qui les relie. Son image du pont en tête, il sent qu'il peut traverser ce fil tenu, que les lois physiques ne s'appliquant plus totalement en ce moment. Il se déchausse, pose un pied sur le fil. Il le sent à lui. Il n'ira pas contre, il doit l'apprivoiser. Il ferme les yeux et mu par sa seule volonté, celle qui nie la réalité objective pour ouvrir une brèche avec l'imaginaire et semble s'avancer sur le fil tel un funambule alors que lui sent sous ses pieds autre chose.


Et, étrangement, alors qu'Aurgelmyr est plutôt du genre pataud et maladroit, ça marche. Il suit le fil, marchant avec un équilibre surnaturel. Cependant, ouvrir ces possibles n'est pas sans risque et encore une fois, quelque chose en a profité pour s'incruster dans ce monde. Au bout de son chemin de fil est apparue une araignée, non pas violette celle-ci, mais rouge. Et elle ne sembla pas bien attentionnée.
« Quel prix es-tu prêt à payer pour ton passage, humain ? »

Suspendu entre les deux bateaux, Aurgelmyr marche comme dans un rêve lucide, chaque pas envoyant des vibrations à travers les filaments. Simultanément, la musique étrange vibre à travers la toile et dans le corps d'Aurgelmyr.

Parmi la véritable forêt de péniches, l'érudit exilé voit un duo d'araignées connecter la toile au bateau de son voisin et la gicler vers un autre.

« Hé ! Qu'est-ce ... Ah! »

Au loin, il entend le bruit d'une lutte, mais à part cela il est curieusement calme. Zeneviva n'est toujours pas encore sortie.


Ne parlant pas conventionnellement à Aurgelmyr, mais plutôt à travers la toile, la voix résonne dans ses jambes et dans sa tête.

Aurgelmyr détaille l'araignée rouge, il sent une menace palpable, cette créature n'est pas de même origine que celles violettes.
Toujours en équilibre surnaturel sur le fil, il sait qu'il ne peut la combattre, il n'est pas doué pour cela, et surtout cela n'a jamais été sa manière de résoudre les problème. S'il ne peut les contourner, le bibliothécaire choisit en général de se couler en eux, de ne pas s'y opposer, mais de s'y fondre.
Il détaille l'araignée, ne dit rien pour l'instant, il sent l’agressivité de celle-ci augmenter, mais aussi une curiosité de sa part. Cet humain n'a pas peur d'elle ? Aurgelmyr sent cela et s'y engouffre.

« Non je n'ai pas peur.
je suis le Rêve, ce pont violet qui le relie à ce monde; Tu es créature de cauchemar, n'est-ce pas ? Une part du rêve quoi qu'il en soit.
Je côtoie ce monde depuis mon enfance, pas comme les autres humains. Et je ne suis pas un étranger à qui on demande une taxe.
Laisse moi passer, tu sens bien que je suis là à ma place. T'y opposer ne t'attirera que des ennuis. »

Sous Aurgelmyr entre les barques, l'eau reflète la rencontre entre l'érudit et l'araignée cauchemardesque. Alors qu'il revendique son droit de passage, l'araignée gazouille amusée.

« Comme vous le souhaites, humain. J'attendrai ici l'arrivée de mon épouse donc. »

Originaire des toiles, l'araignée rouge passe devant les mollets d'Aurgelmyr dans un sursaut d'activité, disparaître dans l'ombre de la péniche de Zeneviva.

La voie est ouverte devant Aurgelmyr. Autour de lui, des bruits de toiles palpitantes remplissent l'air : avec les cordes musicales reliant les mâts au-dessus, c'est comme s'il errait à l'intérieur d'un clavecin violet.

Aurgelmyr est soulagé quand l'araignée disparaît mais il devine une sourde menace, il est persuadé qu'elle reviendra réclamer son dû. Une épouse ? Pour l'instant, il se consacre sur les vibrations. Il cherche la source de la musique et se dirige vers elle.

Aurgelmyr étend son ouïe, cherchant la source de la musique.

Tout autour de lui, des toiles transportent les vibrations... cela semble provenir de la toile... de tous les endroits de la toile.

Aurgelmyr sent la musique tirer sur son esprit, un peu comme la façon dont un livre peut le tirer hors de la réalité.

Aurgelmyr se laisse-t-il ainsi tirer ?

Un jet de sagesse est demandé dans ton prochaine poste.

Aurgelmyr a pour habitude de se laisser emporter, que ce soit par ses lectures ou ses rêves. il essaie ensuite de ne pas lutter contre ces flux et de s'y émerger. Il ne veut rien dominer, mais plutôt s'y abandonner.
c'est ce qu'il fait là avec la musique, se laissant tirer.

Aurgelmyr cherche l'origine de la musique. Ses paupières battent lorsqu'il tourne la tête pour localiser le nœud de l'autorité, pour entendre la main d'un musicien derrière les vibrations palpitantes.

La qualité soporifique des harmonies qui remplissent l'air tire sur sa conscience. Il trébuche, mais résiste à l'oubli du sommeil, s'agrippant aux cordes des toiles pour se stabiliser.

A travers ses bras agrippants, des vibrations l'inondent, comme s'il était lui-même la toile conductrice. Consciemment, lucidement, Aurgelmyr se laisse emporter dans une dimension vibratoire.

Sa conscience se répand à travers la toile grandissante, comme s'il était un peu de beurre sur une vaste étendue de pain. La toile s'ouvre sur une sorte de carte vibratoire des péniches du lac Lytham, de la ville basse, de Portebraise, des terres coulantes et le tesson montagneux. Aurgelmyr devient conscient de centaines d'araignées dispersées à travers la toile comme des étoiles, tissant, réparant et même jouant de la toile comme une harpe géante, grattant et sciant pour générer les motifs hypnotiques.

Tel un orchestre envahissant, un ensemble géant de virtuoses à huit pattes jouait leurs airs apparemment sans plan, en pure improvisation, indifférents à l'absence d'un chef d'orchestre pour les coordonner.

Mais partout, Aurgelmyr sent l'appétit vigoureux de cette horde musicale.