Cherbourg, mercredi 15 octobre 1902, fin d'après-midi...
Raphaël, descendant de la passerelle, avise un laquais arborant une pancarte à son nom ...

Le maire de St-Louis est étonné de voir que ses contacts français sont si efficaces.
Il rêve d'une calèche rapide pour à la gare.

Paris. La Ville Lumière. 42 ans sans la voir...
Sûrement un gros Montréal. Avec moins d'Anglais, je présume

Étrepagny, au sud-est de Rouen La terre de mes ancêtres!

Il dit, avec un accent québécois qui tient beaucoup du normand:

« Je suis monsieur Trépanier! Bien le bonjour. »

« Bien le bonjour, Monsieur » répond le chauffeur avec un phrasé bien différent du québéquois
« Si cela vous agrée, et bien que ce soit un gros détour, en distance et en temps, sur votre itinéraire initial,
Monsieur le Duc vous invite en sa demeure pour quelques jours. » dit-il en ouvrant
la portière du véhicule pour que Raphaël puisse y prendre place.

« Je vous en prie » dit le chauffeur en refermant la porte sur le passager
« Prenez vos aises et ne rechignez pas à dormir ...
Nous en avons pour plusieurs heures de route .... »

Raphael est déçu

« Je dois donc comprendre que nous n'irons pas à Paris.
Enfin! Un voyage en automobile compensera ce désagrément... »

Et il s'installe confortablement pour regarder le paysage normand.

« Le Périgord est assez éloigné ... il faudra probablement faire escale quelque part.
Je pensais suivre approximativement la côte, en coupant par Rennes, toutefois.
Faire le tour de la Bretagne nous rallongerais considérablement ... » annonce le chauffeur sur le ton de la conversation

Le paysan savoure les bienfaits de connaitre un correspondant européen riche et avide de partager son goût de l'occulte.
Une voiture autonome et non tirée par les chevaux. C'est d'un luxe inoui!

Le confort procuré par les pneus et les suspensions de la voiture n'est accentué que par le moelleux des coussins ajoutés aux banquettes pour que le voyageur puisse en effet « prendre ses aises ». Il y a même 2 plaids tissés et soyeux pour se couvrir.

Le chauffeur semble prendre un grand plaisir à manœuvrer cette automobile et à pousser sa vitesse autant qu'il lui est possible et raisonnable de le faire en fonction des routes, de leur état, et surtout de leurs sinuosités .... Les cantonniers français n'aiment manifestement pas les lignes trop droites ...

La chanson Sur la route de Louviers
est devenu au Québec
Sur la route de Berthier

1- Sur la route de Berthier (bis)
Il y avait un cantonnier (bis)
Et qui cassait, et qui cassait
Des tas d' cailloux, des tas d' cailloux
Et qui cassait des tas d'cailloux
Pour mettr' sous l'passage des roues, roues, roues, roues

Refrain: Ah! que la route est belle, belle
Que la route est belle, belle à Berthier

2- Un' grande dame vint à passer (bis)
Dans un beau carrosse doré (bis)
Et qui lui dit (bis)
Pauvr' cantonnier (bis)
Et qui lui dit : "Pauvr' cantonnier"
Tu fais un fichu métier, tier, tier, tier

3- Le cantonnier lui répond (bis)
Faut que j'nouriss' mes garçons (bis)
Car si j'roulions (bis)
Carross' comme vous (bis)
Car si j'roulions carross' comme vous
Je n'casserions point d' cailloux, iou, iou, iou

4- Cette réponse fut remarqué' (bis)
Par sa grande simplicité (bis)
C'est c' qui prouv' que (bis)
Les malheureux (bis)
C'est c' qui prouv' que les malheureux
S'ils le sont, c'est malgré eux, z'eux, z'eux, z'eux

... ...

En arrivant au mt St-Michel, notre maire campagnard vérifie si la marée est haute ou basse.
C'est qu'il a fait le pari avec sa femme Claire, Dieu ait son âme, qu'il serait capable de traverser la baie sans être emporté par la marée.
A son âge, le physique est diminué. Mais un bon bulletin des marées fera l'affaire...

« Je vais au monastère, si vous pouvez m'attendre! »

mardi 23 octobre 1900, il est 10h30

« Je vais profiter de votre excursion pour prendre quelques dispositions. » répond le chauffeur
« Désirez-vous déjeuner en ville ? sur le Mont ? plus loin ? »

Notre héros se prépare donc à parcourir la plaine inondable vers midi, quitte à se mouiller les mollets.

mardi 23 octobre 1900, il est 10h30

« Je vais profiter de votre excursion pour prendre quelques dispositions. » répond le chauffeur
« Désirez-vous déjeuner en ville ? sur le Mont ? plus loin ? »

« Oh ? » répond le chauffeur
« Et bien ... ici on dit « petit déjeuner » pour la collation matinale,
« déjeuner » pour le repas de la mi-journée
« goûter » pour la collation des enfants vers 16h30
« dîner » pour le repas du soir qui se prend vers 20h
et « souper » pour ceux qui prolongent la soirée et ont besoin d'une collation tardive après 23h »