Le repas est très agréable. Vers 10:30, vous êtes fin prêts pour la suite des événements.

Le journal du matin indique que l'Exposition est ouverte depuis 9:00 ce matin. Elle est sise sur les Champs Élysées. Le Grand et le Petit Palais ont pris la place du palais de l'Industrie, qui a accueilli les Expositions précédentes depuis 1855.

Le cocher vous attend dans le petit salon des domestiques du Ritz.

« J'ai été payé pour la journée. J'irai où vous irez!
Z'avez une destination ? »

Charlotte est surprise de constater que des hommes semblent quitter leur journal
à l'accueil pour se diriger vers le bureau du télégraphiste et du téléphone...
Habillés comme des fonctionnaires, pas des vacanciers fortunés.

Le court voyage se passe sans incidents.

La Gare St-Lazare dessert la Normandie. Le Café Terminus a été la cible d'un attentat anarchiste le 12 février 1894.
Il y a des gendarmes en permanence sur place depuis. Paris a toujours été une poudrière, les anarchistes
se promènent avec une mèche allumée en main...

La poste restante est... très peu animée. Le casier des Allemands est discret. Et verrouillé.

"Nous voilà bien embarrassés.
Ouvrir le casier semble être compliqué, maintenant en pleine journée."

A l'attention de Charlotte "A moins que l'un d'entre nous puisse se faire passer pour l'allemande qui aurait perdu les clefs de son casier et de trouver un concierge qui y croirait,..."
Et aux autres: "...nous n'avons plus qu'à monter la garde jusqu'à ce que la nuit tombe et de nous munir du matériel nécessaire à notre délicate besogne."

Le café de la gare est en tout point inférieur au chic resto du Ritz. En tous points, sauf pour le service.
Vous avez comme serveuse une jeune fille de 16 ans, à l'accent du Centre de la France. Elle porte un tablier très stylisé...
Et a un sourire angélique.


« Bonjour, je me prénomme Gabrielle. Puis-je vous suggérer un chocolat au lait ? Le lait vient de mon pays, en Corrèze. »

« Vous pouvez toujours le proposez ... » répond aimablement Charlotte en prenant place.
« Mais ces messieurs n'ont pas jusqu'alors semblé partager mon penchant gournand pour les chocolateries ... »

Le chocolat est exquis.

« Merci, madame. Je m'appelle Chanel, Gabrielle Chanel!
Avec un "N". Pas comme la Manche en anglais! »

« Votre temps ... vous appartient ! » répond Charlotte en souriant. « Je ne pourrais pas vous payer ... je comprends que vous deviez assurer votre subsistance.
Je vous propose un projet, des interlocutrices pour tester vos idées stylistiques et vos essais de couture... Des femmes réelles, d'âges divers, aux mensurations variées disposant toutes de leurs caractères uniques et parfois ... « bien trempés » comme le disent si souvent les messieurs. »
« Pour les tissus, il faudra vous débrouiller entre vous pour récupérer ce qui peut l'être dans vos différents draps, nappes, rideaux et autres vêtements usagés ... au moins dans un premier temps ...
Si vous dénichez les coordonnées de marchands de tissus, je pourrais peut-être tenter de parler à leurs épouses, mais je ne peux rien garantir... »
« Pour la machine à coudre ... laissez-moi au dispensaire un catalogue, un article, quelque chose présentant l'article qu'il vous faut.
Je la commanderai dès que possible.
La machine devra rester dans le foyer des femmes, mais vous pourrez l'y utiliser à loisir sans aucune restriction. »

Gabrielle répond

« Parfait! Demain, sans fautes! Je vais apprendre et aider en même temps! Bon, je retourne bosser! Merci encore! »


Les heures passent. Vers 15:00, un monsieur qui ressemble à un clerc de notaire vient récupérer le courrier, y compris votre lettre ajoutée par le service il y a 1 heure.

Il quitte en direction du nouveau train Métropolitain...

Avec un naturel déconcertant, Charlotte lui emboite le pas en toute discrétion ...

Charlotte la perspicace remarque que le clerc semble les avoir remarqué, mais qu'il n'en dit rien. Elle remarque aussi que le cocher de leur fiacre les suit de loin...

Le clerc marche plus d'un kilomètre vers le sud, le Louvre et la station de train souterrain.


Charlotte se demande si cette randonnée est utile, le gibier sachant avoir été ferré...

Elle poursuit ...

Si ces messieurs m'écoutent, ils peuvent prendre un autre chemin

Charlotte passe une demi-heure à folâtrer dans la nouvelle attraction souterraine de la capitale.
Sa proie ayant choisi la première classe, elle débourse 25 centimes pour se promener le long de la ligne
du Métropolitain, aller-retour, pour revenir à côté du Louvre, au Châtelet.

Le clerc va acheter un hareng rouge aux Halles, écrit un mot qu'il laisse accroché au poisson et le laisse en évidence
sur un étal.

Il est écrit, en français et en anglais Red Herring. Poison d'Havril (sic). Cops back home- Poulait retourne poulayé (sic)

Cet homme parle anglais mais très mal français...

Bernard répond: "Il est bien navrant de constater, Madame, que je ne partage aucun amour pour le chocolat..." et d'un ton échouant à ne pas sembler condescendant: "ni pour la broderie. Le domaine des finances est certes bien plus passionnant. Croyez-moi!"



Si Charlotte s'arrête, Bernard continue la poursuite espérant avoir plus de chance d'identifier où cet homme se rend que sa prédécesseure.