L'heure est aux sauvetages...
Treg sait se montrer utile et efficace ...

(...)

Udhëzues tente de calmer les derniers relents de son fou-rire en participant de son mieux possible à la manœuvre de sauvetage ...

« Mesdames, je m'excuse de mon incompétence... Je croyais depuis des années avoir perdu trace de mes parents, mais ce soldat et cette jeune fille on dit avoir vu ma mère sur un bateau voguant vers la mer...la connaissez-vous ? »

Dit-il en montrant un portrait de camé représentant une jeune femme- dont la moitié du boitier est manquante.

Il semble oublier de présenter ses passagers d'infortune..

« Bonjour mesdames, » dit le vieux soldat, dégoulinant sur le pont, « Évidemment vous avez déjà rencontré cet adolescent qui a l'air d'une gourde incompétente. »

« C'est une insulte aux gourdes. » Murmure la petite fille trempée en tirant la langue vers Yan.

Le soldat donne un coup de poing sur l'épaule de la petite fille, qui le reçoit avec une stabilité surprenante. « Tes manières, fille impolie ! N'oubliez pas de te présenter à nos sauveteurs. »

« Phbbbttt ! « Faites ce que je dis, pas ce que je fais » ! » Elle bourdonne les lèvres, puis imite la voix bourrue du soldat. « Tu ne t'es toujours pas présenté. »

« ! » Il se met en colère ...
Puis le vieux soldat se met à rire : « Hé Hé Hé ! T'as raison.
Mesdames, je m'appelle Ser Marçal dy Elizondo, le vieux commandant de la garnison de Solanilla en Caribastos. »
Il s'incline, respectueusement. « Très bien, petite fille, à ton tour. »

« Alienor Castillo. »

« Et puis ... »

Elle hausse les épaules « Orphelin de Bergara. »

« ... c'est tout ? »

« Heu ... la meilleure danseuse de la Troupe Templier ? »

« Hé hé, la danseuse la plus vorace, peut-être. »

Elle tourne et donne un coup de poing féroce sur la hanche de Ser Marçal, qui le reçoit avec une stabilité trébuchante. « Que puis-je dire d'autre ? Je ne peux pas parler de ma famille! Ils sont morts. Peut-être que si tu avais tué plus de Roknari et n'avais pas pris ta retraite si tôt, je n'aurais pas été orphelin. »

« ... »

« Pour Cardegoss ? » Udhëzues répond avec naturel :
« Il n'y a qu'à suivre le courant ...
sur un rondin en se laissant porter, ou en marchant vers l'aval ...
C'est direct, pas moyen de se tromper ... »

« ... »

« Vieil homme, pourquoi ne se sont-elles pas encore présenter ? »

« Chut ! »

« N'est-ce pas de mauvaises manières ? » Dit-elle, délibérément en haute voix.

« Chut ! » Ser Marçal a l'air gêné par sa petite pupille « Oui, mais ... c'est pire de le signaler. Leur bateau, leurs coutumes. »

« Alors ... lorsque vous êtes à Chalion, faites comme les Chalionnaises font ? »

« Éffectivement. »

« Mais, nous sommes toujours à Chalion. Les Chalionnaises ont l'habitude de se présenter. Pourquoi se sont-elles pas encore présentées ? »

« Ô, comme t'es gênant ! ... »

« Voici Udhëzues, Capitaine de ce navire. » annonce Tregtar en guise de présentations
« Et je suis Tregtar, son amie.
Nous voguons vers Cardegoss où quelques affaires nécessaires à mon commerce nécessitent ma présence. »

Pendant ce temps, Udhëzues s'efforce de reprendre son sérieux en resserrant quelques nœuds.

Yan dit:

« Dans ce cas, peux-on engager vos services ? Et pousser plus loin, En Brajar par exemple.
J'ai l'impression d'avoir passé des mois sur cette épave... ou ce rafiot. J'en ai la tête qui tourne.

Ho! Oui. J'ai 2 couronnes pour vous pour le voyage! »

Charlotte voit venir le Don Juan en culottes courtes. Il le rembarre mais lui promet, à lui et à ses amis, de les mener à Cardegoss.
Quelques jours plus tard, attablés à La Crevure, ils prennent un pot avant de se séparer.

L'estaminet est mieux tenu que son nom l'indique. La racaille la plus braillarde sachant que le colosse de 2,20m au doux surnom de
"La Montagne" détient le record mondial des videurs: 4 secondes extirpé de sa chaise et expédié par la fenêtre... En 1464. Le lieu est donc fréquenté par des marchands de visite et d'honnêtes malandrins. Pas de la haute, mais pas les bas-fonds non plus.

Udhëzues tend l'oreille à la conversation de la table voisine, tenue à voix basse:

« Je vous dit, notre petite fraternité des Marsouins
peut enfin respirer!
Le gros des sbires de Dondo sont parti au Nord à l'Ouest.
On va respirer un peu, mais les provinciaux vont y goûter...

On fait un coup cette nuit... importation exclusive de Brajar,
sans la taxe officielle et la taxe Dodo! L' Álvares Cabral est à 30 km.
Ouais... je sais, c'est encore dangereux.
Qui ne risque rien n'a rien! »

Udhëzues connait la fraternité de réputation. d'honnêtes contrebandiers.
Pas d'import de filles et garçons, pas d'armes, pas de drogue. Leur credo
est que pour vendre moins cher, il faut éviter les faux frais.
De douane, principalement. Du coup, la batelière ne leur est pas antipathique...

« Salut Erik ... » lance tranquillement Udhëzues depuis sa place et sans se retourner
« Le p'tit gars qu'tu voies là voudrait descendre vers la mer ... »
« Mais je remonte vers mes montagnes, je l'ai descendu jusqu'ici, j'irais pas au d'là. »

(toujours en chuchotant)

« Udhëzues... toujours l'oreille fine. J'ai haussé un peu le ton
pour t'y intéresser. Tu n'as toujours pas envie de te joindre à notre fraternité ?
Les chats sont partis, peut-être temporairement, j'en convient...
tu n'a pas envie de danser une tarentelle, petite muridée ?

Ton rafiot et le Cabral feraient fureur!
Nous retournons à la mer si tout va bien dans 2 semaines...
ton blondinet n'a qu'à attendre. Et le vieux soldat et la petite souris ? »

« Le vieux et sa môme sont libres de leurs gestes et mouvements. » répond Udhëzues avec un sourire en coin.
« Je remonte vers les montagnes et j'ai déjà le chat et toute sa horde aux trousses. Vous ne voudriez pas des ennuis que je traine dans mon sillage.
Par contre, j'apprécierais une cache de temps en temps pour continuer à focaliser leurs attentions et vous laisser plus libres de vos manœuvres ... ... »