Le général adressa un regard respectueux à l'elfe.
« Tildael, je vous rejoins tout à fait sur le point qu'il faille communiquer ces informations aux peuples alentours. Mais ne vous séparez pas de l'un des vôtres, j'assurerais moi-même l'acheminement des renseignements cruiaux que nous venons de mettre à jour. Et j'ai grand besoin de la sagesse de votre roi, aussi je passerais par Elendil pour que Gil-Galad apprenne tout ce qu'il y a à savoir.
Y'a -til d'autres cohortes comme celle-ci? Probablement. Mais je doute que nous en croisions : s'il s'agit d'un assaut coordonnée, davantage de forces seraient déjà rassemblées. Si c'est juste une portion indépendante des orcs, les autres ne viendront pas leur prêter main forte, au mieux ils pilleront le domaine laissé sans défense.
Préparez les vôtres désormais. Vous allez porter un lourd fardeau sur les épaules pour un peuple à qui vous ne devez rien encore. Mais je ferais mon possible pour qu'un jour ce soit le cas. »
Le général avait osé un trait d'humour, un peu fin, qui ne l'obligeait pas à sourire. En disant ces derniers mots, il renouvelait ainsi son engagement à œuvrer pour rendre aux Noldor tout ce qu'ils avaient accomplis pour les Edains, et même davantage. Un voeu pieu qui n'était surclassé que par celui de rendre son propre peuple prospère et rayonnant à nouveau.
Il laissa ensuite le capitaine elfe prendre congé et sans même qu'il ne s'en rende réellement compte, il était à nouveau en compagnie du fils d'Amandil, ainsi que de Gil-Galad. Une assemblée royale de ceux qui étaient capable de refaçonner le monde, qui le fit se sentir tout petit. Le terme d'humilité prenait ici tout son sens. Faeromen et Valdae était eux-mêmes d'un lignage plus noble que le sien, Sothor le voyait aisément à la taille de ses interlocuteurs. Et les regards de tous ces hommes étaient braqués sur lui, comme s'il était détenteur d'une vérité susceptible de changer le futur.
Il salua tout le monde avec la déférence liée à leurs rangs, s'attardant sur Gil-Galad qu'il avait honoré en dernier, afin de pouvoir lui répondre dans une certaine harmonie.
« Je suis également très heureux de vous revoir, même si les circonstances font que ce sont plutôt de sombres avenirs qui se profilent et qui seront l'objet de nos échanges. Tout d'abord, afin de répondre à votre demande, un seul des vôtres a été légèrement atteint au cours de cette escarmouche. Malgré des blessures plus ou moins superficielles, nous devons malgré tout déplorer la perte de l'un des rôdeurs d'Ankhorn, Fern, qui fut honoré comme il se devait. Il s'est battu en brave, et est mort en héros pour que les orcs en patrouille ne puissent pas prévenir le gros des troupes de notre arrivée.
Et d'après l'examen au palantiri que j'ai pu en faire, ce gros des troupes, cette armée compte près d'un millier d'orcs. Ils ont assez de nourriture et de logistique pour une longue semaine de campagne. Je ne suis pas bien habituéà leur capacité de déplacement en masse, mais j'estime qu'ils arriveront au moins jusqu'au pont de Brandevin. Peut être même jusqu'à Bree, sur laquelle ils pourraient lancer un assaut meurtrier. Leurs troupes sont prêtes à faire route plein sud d'après ce que j'ai pu voir, suivant le cours de la rivière.
J'ai pensé que la situation pouvait malgré tout être retournée à notre avantage à tous. S'il était possible que les Noldor puissent rassembler et mettre en marche une force armée qui viendrait jusqu'au pont de Brandevin, qu'ils pouvaient être rejoints par des troupes de Bree, les Edains pourraient refermer l'étau sur les créatures des collines Evendim. Au vu des distances à parcourir, par chacun, je pense que cela est jouable. D'autant plus si nous arrivons, via une surveillance efficace par nos palantiri, à faire dévier le convoi des Edains pour "laisser avancer" les orcs pour leur tendre un piège à grande échelle, nous pourrions en une seule bataille débarrassé la région d'une importante menace.
Bien sûr, je parle sous couvert de l'avis de mon roi et de vous tous. Il n'est pas à négliger que de nombreuses vies seront perdues lors d'une telle bataille, des vies qui sont précieuses à tous les peuples quels qu'ils soient. Mais d'après moi, nous autres Edains avons l'occasion de faire un acte qui ne laisserait pas filer un fléau sur nos alliés, tout en amorçant la sécurisation des collines Evendim.
Veuillez d'ores et déjà pardonné mon audace d'avoir élaboré un plan sans concertation préalable avec vous tous. Mais je ne pouvais pas conseiller à mon roi de se terrer comme un lâche, fermant les yeux sur le malheur qui pouvait s'abattre sur des alliés qui ont déjà tant fait pour nous. Mon honneur ne me l'aurait pas permis, au delà de toute considération stratégique ou politique. Voila pourquoi j'ai déjà imaginé comment nous pourrions affronter ces ennemis dans les meilleures conditions selon moi. »
|