Faragoll sourit :
« Votre expérience ? C'est trop d'honneur. Je n'ai jamais eu à m'occuper de fauves en ce genre. De petits chiens, oui. D'après mon souvenir, ils commencent à s'intéresser à autre chose que le lait de leur mère à partir de trois ou quatre semaines. Quel âge ont-ils ? S'ils n'ont bu que du lait jusqu'ici, il me semblerait trop brutal de changer du tout au tout leur alimentation en si peu de temps... Mais, je ne veux pas porter la responsabilité de ce choix. C'est la votre. Vos panthères, votre décision ! »

Tout en parlant, Faragoll et Yàvië se rapprochaient de la demeure du chasseur. Les petits gambadaient avec la meute, bien qu'à proximité de la jeune fille et se réfugiant dans les pattes de Luan dès que les chiens se faisaient trop entreprenants.

« Vous avez raison sur ce point : le sevrage doit être progressif. » répondit Yávië en gambadant avec les panthères.
« Je vous accompagne pour voir les lieux et je repars aussitôt après chercher la chèvre.
Sauf si vous êtes trop loin pour que j'ai le temps de faire l'aller-retour.
Tout dépend de la distance ... »

Faragoll fit visiter son humble demeure à la jeune fille. Un maison en bois, les chiens n'entraient pas dedans. Les petits restèrent dehors également, tout heureux de la compagnie qu'ils avaient, sauf keena qui gratta désespérément la paroi dès lors que la porte fut fermée en poussant des petits cris.

« Hé bien » dit Faragoll,
« En voici une qui a pris de mauvaises habitudes on dirait. Vous pouvez me laisser les petits pour faire l'allez-retour si vous le souhaitez. Ils ne me dérangeront point. »

« Mauvaise habitude ? Ah, oui, ...
Nestaid dit qu'elle s'est liée à moi dès le premier jour.
Et c'est vrai que Keena n'arrive pas à dormir sans moi. » confessa Yávië avant de répondre à la proposition de Faragol :
« Pour l'aller-retour, je vais y aller comme ça et ...
on verra s'ils continuent de me suivre où s'ils restent avec vous.
J'avoue que je préfèrerais qu'ils viennent, comme ça je pourrais les nourrir là-bas ... mais cela m'intéresse aussi de voir ce qu'ils choisissent d'eux-même.
Pour Keena, je suis presque sûre qu'elle me suivra ; pour ses frères, leur réaction sera instructive.
Merci pour votre accueil, je reviens très vite ... »

Yávië déposa donc son sac à côté de la porte en attendant de s'installer mieux ultérieurement et pris congé du chasseur avec respect et gentillesse : (en sindarin) « Cesuat Gled ndesexcom gntind aerexibus crnecet. »

Puis, elle sortit de la maison pour voir ce que faisaient les petites panthères, et ensuite partir ostensiblement en direction du village pour aller chercher la chèvre ...

Yàvië commença à s'éloigner. Comme elle l'avait prévu, à peine sortie de la maison, Keena ne la quittait plus d'une semelle. Les autres petits accoururent vers elle également. Mais ils étaient également très attirée par l'énorme chienne blanche, qui ne cessait de les couvrir de coups de langue. Ils hésitèrent le temps de quelques allez-retour entre les deux. Finalement, la faim les poussa à tous se mettre en marche derrière Yàvië et à avancer rapidement sans s'éparpiller !

Lorsqu'elle arriva, une vingtaine de minutes plus tard, au refuge de Nestaid, la jeune Numenorénne le trouva inoccupé.

Un peu décue de ne pas trouver Nestaid chez elle, Yávië se dirigea vers l’enclos des chèvres et prépara promptement le dîner des petits.
Puis, guettant le retour de la guérisseuse, elle choisit une chèvre et quelques outils sommaires pour en prendre soin sans que cela ne manque à Nestaid (un cure-sabots, une brosse pour le poil, une autre pour grattouiller les cornes) qu'elle regroupa dans un petit linge pour les transporter.
Nestaid ne paraissant toujours pas, elle lui laissa un petit mot inscrit sur une pierre plate à l'aide d'une pointe noircie pour lui indiquer ses emprunts et son passage.

Puis elle s'en retourna avec la chèvre et les petits, en sautillant vers la demeure de Faragol ...

Moins d'une heure après son départ, Yàvië retrouva la demeure de Faragoll dans la forêt. La meute aboya à son approche, mais cette fois, les chiens lui tournèrent gaiement autour et accueillirent les petits dans la joie. Ces derniers se pressèrent de retrouver Luan et sa chaude fourrure. La chèvre, quand à elle, bêlait de terreur. N'osant plus avancer. Les chiens faisaient peu cas d'elle, sachant bien qu'ils accompagnaient Yàvië. Mais elle refusa d'avancer à moins de cinquante mètre de la maison.

Yàvië dût se résoudre à l'attacher à un arbre car elle n'arrivait pas à la faire progresser au-delà.
La jeune fille n'eut pas le temps de frapper à la porte que Faragoll l'avait ouverte. Il se dégageait à l'intérieur un bon fumet de cuisine. Dans une petit marmite mijotait un ragoût dans lequel le chasseur faisait cuire du sanglier, le résultat de sa chasse de la matinée.

« Entrez entrez, c'est un plaisir de rompre ma solitude habituelle. J'allais donner à manger à mes compagnons mais j'attendais votre retour, au cas où les petites panthères aient envie d'y gouter. Venez, vous allez m'aider. »

Faragoll se dirigea dans une pièce de grande taille dans laquelle étaient soigneusement accrochés de nombreux outils qui servaient à dépecer, plumer ou encore à découper le gibier. Sur une grand table, deux grand récipients de bois contenaient des morceaux de viande que le chasseur avait préparé à l'attention de ses chiens.

L'elfe prit le plus grand et fit signe à Yàvië de se charger de l'autre.

« Excellente idée ! On verra comment ils réagissent à la viande.
Ils ont pris leur lait avant de partir, mais comme ils ont couru presque tout le chemin du retour, ils ont peut-être un petit creux, maintenant ... » dit joyeusement Yávië en attrapant délicatement le 2e récipient. « Par contre, la chèvre est terrorisée. »
Puis elle suivit Faragoll, prenant bien soin de calquer ses gestes sur ceux du chasseur.

Faragoll n'en fut pas étonné.
« Oh, nous irons la chercher pendant que la meute mangera. Il faut la rassurer sinon, elle ne produira plus de lait, ce qui serait plus qu’embêtant. Je ne veux pas encore m'attirer les foudres de Nestaid... » Le chasseur se figea une seconde alors qu'il terminait sa phrase, puis enchaîna rapidement.

« Venez, vous ne craigniez rien, ils sont bien dressés. Enfin, tous sauf quatre bien sûr, pour lesquels je ne répond de rien. »

Dehors, les chiens remuaient vivement la queue. Huan elle, attendait patiemment derrière et couchée.

Faragoll siffla.
« Allez, derrière Luan et vite. »

En un temps éclair, la dizaine de chiens pourtant si bruyants il y a à peine quelques secondes fila derrière la grande chienne blanche, en position assise.
« Je vous montre pour ceux de gauche et vous vous occuperez de ceux à droite. »

Faragoll s'approcha du chien le plus à gauche, prit un morceau de viande et le déposa à ses pieds. Le chien le regardait toujours, sans toucher à sa part.
« C'est bien Farou. » et il lui prodigua une caresse derrière les oreilles, approcha sa tête pour recevoir une étreinte en retour.

Les autres petits les avaient suivi de prêt et l'odeur de la viande les intriguait. Leur curiosité ne connaissait plus de limite et Yàvië faillit tomber plusieurs fois tant ils se collaient à leurs pattes. Les petits venaient de repérer le morceau de viande par terre.
Faragoll dit à leur attention, en pointant l'index :
« Je vous déconseille de faire ça ! »

Bien sûr, ils ne l'écoutèrent pas et se précipitèrent en direction de l'odeur si alléchante. Un aboiement féroce suivi de grognements qui l'étaient tout autant les fit stopper net. Farou semblait prêt à leur bondir dessus pour défendre son repas mais les petits savaient qu'ils ne faisaient pas le poids et se contentèrent de se lécher les babines en gémissant.
« Tout doux Farou... Tu peux manger. »
Aussitôt, le chien prit son bout de viande et s'éloigna.

Il prit un nouveau morceau.
« A toi ma belle. »
Il déposa le morceau de viande à ses pieds, approcha sa main du museau de la chienne, lui tapota la tête.

Les petits s'approchèrent, plus prudemment cette fois. Ils eurent droit à une naissance de grognement qui les prévint de ne pas s'approcher plus.

« Tu peux manger Sirix. »
La chienne prit son morceau et s'éloigna. Les autres chiens attendaient impatiemment l'arrivée de leur maître, sans pourtant bouger de leur place.

« Allez-y. N'ayez pas peur, mais soyez ferme. Mes chiens risquent d'être moins sage avec vous, ils sont malins et comptent sur votre générosité, ou "faiblesse" si vous préférez. Alors montrez leur qu'ils doivent vous respecter. Les petits seront servis en dernier, ce sera une leçon difficile mais ils doivent apprendre à connaître les codes qui régissent leur monde. »

Yàvië se dirigea vers la droite, en s'éloignant un petit peu des chiens devant lesquels elle passait, ne préférant pas trop les tenter. Mis à part Luan, tous la suivirent du regard en dressant les oreilles, s'étonnant du changement dans leur rituel du soir. Les panthères bondissait autour d'elle.

Yávië regarda les petits bondir, puis Luan, puis Faragoll, à nouveau les petits ... « Vous avez raison,
ils doivent apprendre et pour l'instant ils ne savent même pas qu'ils doivent aller se ranger dans la file. »
Alors Yávië revint devant Luan, déposa le plat qu'elle tenait en dardant son regard dans celui de la chienne : « Je te le confie pour l'instant. »
Puis elle prit Keena dans ses bras en sautillant avec les panthères pour les faire la suivre. « hophophop ... par ici ... » et se dirigea vers la fin de la file où elle déposa fermement Keena « ici » puis elle regroupa les 3 autres, les installant fermement à leurs nouvelles places, les repositionnant si nécessaire.
Puis elle se releva pour aller rechercher le plat, mais les petits panthèraux n'étaient pas habituées à tant de discipline et commencèrent à suivre la jeune fille. Sans se démonter ni faiblir, Yávië recommença à replacer les petits espiègles.
Dès la seconde fois, Keena avait compris, mais pas ses frères.
A la 3e fois, les autres chiens de la file de droite commencèrent à manifester leur mécontentement : ils venaient de comprendre qu'eux-même ne seraient pas nourris tant que les nouveaux ne seraient pas correctement rangés.
La 4e fut la bonne, les panthères restant sagement en place, Yávië retourna chercher le plat devant Luan.
Alors elle put reprendre le rituel que lui avait montré Faragoll : s'arrêtant près du premier chien elle demanda doucement « Celui-ci, commence s'appelle-t-il ? »
Avec la réponse, elle s'appliqua à faire les bons gestes, à se montrer aussi ferme avec les chiens que nécessaire.

Faragoll souriait.
« Il s'appelle N'gie. »

N'gie remuait la queue et gémissait de façon adorable. Lorsque Yávië approcha, il fit un petit pas en avant et tendit une patte vers sa jambe pour réclamer.

Pointant son index vers la place du chien dans la file, Yávië dit fermement « Ta place ! »
Sa voix n'était pas aussi forte que celle de Faragoll, mais non moins impérative, et le chien repris sa position en lançant à la jeune fille un regard attendrissant.
Alors Yávië déposa au sol un morceau de viande
« C'est bien N'gie. » dit Yávië en prodiguant une caresse derrière les oreilles du chien, sa petite taille et sa position à demi accroupie permettait au chien de lui manifester sa reconnaissance, mais sans l'y obliger.

5 Août 3319 SA matinée


Le reste de la distribution se passa très bien, les chiens que Yàvië devait nourrir comprirent très vite qu'ils n'en tireraient rien de plus qu'avec leur propre maître. Faragoll n'ajouta rien, voyant que Yàvië étaient à l'aise dans son rôle. Il restait dans leur contenant de nombreux morceaux de viande.
« Bien, et maintenant à toi Luan ! Venez. » Faragoll se rapprocha de la magnifique chienne blanche qui ne montrait pas le moindre signe d'impatience.
« Les petits, ça va être à vous également. »

Yàvië et le chasseur déposèrent au pied de Luan tout le reste des quartiers. Les panthères accoururent quand la chienne aboya d'une façon très autoritaire, à leur adresse. Malgré l'avertissement, le plus intrépide des trois mâles s'approcha. Luan se leva enfin et approcha de lui rapidement. Elle entrouvrit son immense gueule derrière le cou du petit impudent. Même Faragoll eut instinctivement un instant d'agitation, mais il se ravisa tant la confiance en sa fidèle amie était immense. La chienne prit le petit dans sa gueule, et celui-ci s'immobilisa complètement. Elle regarda les trois autres et grogna légèrement, comme un avertissement supplémentaire. Elle disparut derrière la demeure de bois et réapparût après quelques secondes. Elle prit un deuxième petit de la même façon, l'emmena à l'écart également et revint. Elle emporta en dernier Keena et tous les cinq ne réapparurent plus.

Faragoll haussa les épaules, Yàvië et lui se regardèrent, surpris.
« Il faut croire qu'elle n'est pas d'accord. Pourtant, du moment qu'ils sont attirés par cette nourriture, je ne vois pas pourquoi cela pourrait leur nuire... Nous le découvrirons bien assez tôt ! Irons-nous manger à notre tour ? »
Le fumet du plat qui mijotait à l'intérieur venait d'atteindre leurs narines.

5 Août 3319 SA matinée

« gloups » Yávië déglutit nerveusement de façon sonore « j'apprécierais de voir ce qu'elle a fait des petits avant d'aller manger » s'excusa-t-elle nerveusement « ensuite, oui, je déjeunerais volontiers. »

5 Août 3319 SA midi

Yávië n'eut pas le temps de rejoindre l'arrière de la maison que Keena arrivait déjà vers elle en courant, tout heureuse de la retrouver mais néanmoins penaude de désobéir à Luan qui aboyait légèrement après elle. La chienne de Faragoll pensait que Keena retournait vers les bouts de viande qu'ils avaient laissé derrière eux. Elle s'arréta à quelques pas et continua d'aboyer à intervalle régulier. Les autres petits l'entouraient déjà. Keena regardait Yávië puis Luan alternativement, ne sachant que faire.

Souriante, Yávië s'accroupit en ouvrant ses bras où Keena se précipita aussitôt. Avec joie, la jeune fille propulsa la petite panthère en l'air, fourra son nez dans sa fourrure et la reposa au sol en lui assénant une petite tape d'élan sur l'arrière train pour la propulser en direction de la grande chienne.
Le message étant reçu, Keena courut gaiement vers Luan tandis que Yávië se relevait.
« Allons déjeuner, à présent » dit-elle alors gaiement à Faragoll.

5 Août 3319 SA midi
Keena, voyant qu'elle avait l'assentiment de Yàvië, bondit à la suite de Luan et de ses frêres. Yàvië put les voir s'éloigner dans la forêt.

Faragoll avait servi le repas et il entama la conversation :
« Les choses semblent bien s'engager entre Luan et les petits. Cela ne me surprend qu'à moitié. Cela veut-il dire que vous allez rester avec moi quelques temps ? »

« Effectivement, je pense rester quelques temps, si cela ne vous dérange pas. » répondit poliment Yávië sans s'aventurer sur les questions logistiques, préférant que l'hôte aborde le sujet de lui-même.

« En ce cas j'espère que vous aimez voyager, et que vous n'êtes pas attaché à un quelconque confort. » dit-il d'un sourire sérieux, « car je m'attarde rarement au même endroit. »

Surprise par l'annonce d'une vie itinérante, Yávië eut un sourire sincère « J'espère ne pas être un poids pour vous. J'apprends vite, mais j'ai toujours vécu en ville avant de venir ici.
Pas toujours de façon confortable, mais jamais loin de sources d'approvisionnements divers. »