Sothor n'eut aucun mal à utiliser le palantir cette fois, au point qu'il en fut presque étonné. En prenant de la hauteur par rapport à sa position, il put aisément atteindre la position de l'armée ennemi. De nombreuses tentes étaient dressées à l'est du fleuve, dans lesquelles s'entassaient la vermine orc. Elles étaient positionnées à l'orée et légèrement à l'intérieur de la forêt, ainsi protégées du soleil tant redouté pendant la journée.
Le général des Edain remarqua qu'il n'y avait que deux constructions à proprement parlé, en bois et ancrées de chaque côté du fleuve au pieds des deux arbres entre lesquelles le pont de singe était tendu. Chacune s'étendait sur une surface carrée d'une trentaine de mètres de long. Les cordages de la passerelle venait s'ancrer là, dans les fondations profondes construites à cet effet. Toutefois,les bâtiments servaient également d’entrepôt. Sur la rive ouest, Sothor trouva essentiellement ce qu'il assimila rapidement à du butin : peaux de bêtes, outils mais également des effets personnels comme des bijoux de relative faible qualité. Il y avait aussi un quantité modéré d'armes et d'armures. Le bâtiment de l'autre rive lui, était rempli d'armes et de pièces d'armures ainsi que de vivres. Des orcs entrait à intervalle régulier pour en acheminer d'avantage et Sothor constata qu'elles étaient amenées depuis l'autre côté.
Sur la passerelle, qui était gardé par une dizaine de sentinelles de chaque côté, il put apercevoir des orcs traverser d'est en ouest, par groupe de 10. Depuis ces plateformes de garde, sur lesquels leurs ennemis avaient une vue imprenable sur les alentours, plusieurs échelles descendaient jusqu'au sol.

Ankhorn écouta attentivement les paroles du Roi et répondit :
« Le Général a très bien appréhendé la situation et il me semble que la bifurcation que devons opérer est la meilleure solution.
Mes rôdeurs seront à l’aise dans ses régions forestière et pourront facilement épauler l’armée en tant qu’éclaireur ou en arrière garde.

Les rôdeurs associés au groupe de Sothor seront tout à fait à même de remplir la mission souhaitée. Je les avais d’ailleurs sélectionné pour assister le général car ils connaissent bien la région et on l’habitude de combattre ce type d’ennemis.

Il pourra s’appuyer sur Efan. Il connaît les ponts mais aussi les éventuels chemin forestier. »

Fëaromen semblait soucieux. Il acquiesça simplement :
« Je suppose qu'il est plus sage d'éviter cette armée, même si je ne doute pas de notre capacité à pouvoir en venir à bout. Cela ferait courir un risque aux civils.
Je me questionne simplement sur les desseins que les gobelins poursuivent en poussant aussi loin en dehors des collines Evendim et avec un aussi grand nombre de leurs guerriers... Mais ma connaissance de la région est trop imparfaite pour apporter du grain à cette réflexion. »
Il haussa les épaules en conclusion.

Elendil devint soucieux lui aussi : « Très bon point mon ami. Il nous faut répondre à cette question au plus vite. » Dit-il en s'adressant à Fëaromen. Puis, se tournant vers Ankhorn il ajouta: « Avez-vous une quelconque idée à ce propos cher Ankhorn, ou bien un moyen pour obtenir des réponses? »

Ankhorn avait étalé une carte avant de s’en connecter au palantir pour se remémorer la région - il réussi à fairé apparatire cette carte dans le monde onirique créé par le roi :
« ils ont réussit à fortifier leur place dans leur montagne et autour du Lac que nous souhaitons annexer.

Leur mouvement me fait penser qu’ils envisagent de se diriger vers le village de Bree, en tout cas s’ils persistent à déborder ainsi hors de leur frontière.

Donc on risque de se trouver sur leur route à un moment ou à un autre . . . Et il ne serait pas inutile de nous débarrasser ou de protéger les accès stratégique type pont ou autre.
Cela nous permettrait d’orienter leur armée là ou cela nous arrangerait. »

Fëaromen pointa du doigt le village de Bree et s’exclama :
« Valdae, vous suggérez que les orcs pourraient avoir pour cible le village de Bree. Je n’ai pas bien compris ce que vous proposez de faire, en revanche, concernant cette armée. Si nous ne l’affrontons pas, cela sous-entend que vous pensez que les habitants de cette bourgade sont en mesure de venir seuls à bout de cette menace ? Est-ce bien cela ? »

Fëaromen interrogea à nouveau :
« Mais une bonne partie de leur armée est déjà à l'est du fleuve. Donc, elle n'a plus besoin de traverser le fleuve... Plus rien ne l'empêche de filer droit à son objectif, si celui-ci est Bree. Pourquoi iraient-ils emprunter le pont du Baranduin ?
S'ils n'ont pas conscience de notre présence, nous pourrons les croiser avec quelques précautions, sans que leur armée ne se dirige sur nous. »

Le roi intervint succinctement: « Il me semble entrevoir la stratégie dont Ankhorn parle ... dite moi si je me trompe Valdae, mais avez-vous en tête l'idée de contrôler ce point de passage de la rivière Brandevin pour forcer les orcs à utiliser le pont du Baranduin et par la même cela nous donnera le temps nécessaire pour construire de solide défenses aux abords du lac Evendim? Cela requière certainement la mobilisation d'une force conséquente sans pour autant être trop importante (après avoir vaincu l'armée orcs stationnée de notre côté de la rivière) pour empêcher les orcs de reconstruire le pont ... néanmoins il se pourrait que cela en vaille la chandelle ... » Elendil était pensif et pesait le pour et le contre de cette stratégie en attendant les réponses d'Ankhorn et Fëaromen.

Sothor restait concentré sur l'ensemble des campements orcs pour en déduire ses conclusions : une organisation rigide, sous surveillance. Une préparation à dormir en tente, pour un long moment s'ils prévoyaient des vivres. Des armes et des armures... Rien de bon augure.

Si une armée venait à se déplacer, il fallait savoir dans quelle direction. Peut être serait il plus sage de stopper tous les convois et de laisser les orcs passer au nord de leur position... Mais ils allaient certainement quelque part. Au sud, il n'y avait rien d'autre que la grande route, et Sothor ne pensait pas se tromper en imaginant très mal ces créatures passer par l'infrastructure sur laquelle ils se feraient très rapidement repérer. Au nord, des collines, ou le lac, leur propre destination. A l'ouest peut être? Il y avait là-bas d'autres collines, et les orcs ont peut être pour ambition d'agrandir leur territoire là-bas... Le village de Bree? Si tel était le cas, Elendil ou lui devait immédiatement en informer Gil-Galad: les orcs mettront un jour ou deux de moins que les elfes et ils ne sont pas partis.

Dans ce cas, l'occasion de frapper les orcs de dos et exterminer cette vermine avant qu'elle ne fasse retraite dans les collines serait trop belle.

Mais Sothor s'arrêta de rêvasser, ce n'était pas ainsi qu'il allait pouvoir mener à bien sa mission. Le premier point qu'il devait vérifier se situait sur l'hémisphère Est de l'armée orc: un déplacement de cette ampleur nécessite un minimum de logistique, et la préparation du terrain adéquat. Il se mit donc en quête de découvrir l'amorce de route que les peaux vertes se préparaient à emprunter.

Sothor put observer qu'un cordon de sentinelle avait été établi tout autour du campement. Toutefois, le cordon s'étirait largement le long de la berge du fleuve, en direction du sud ouest, alors qu'il n'observa pas de sentinelles aussi éloignées du campement dans les autres directions, comme par exemple cela aurait put être le cas vers le sud-sud est en longeant la forêt.


Par ailleurs, Sothor remarqua que les orcs possédaient des chariots, positionnés à côté d'un enclot à Wargs. Certains étaient remplis de vivres, mais nombre d'entre eux étaient complètement vide.

Une campagne de pillage rapide à l'encontre des petites communautés que nous avons croisé? Pourquoi un déploiement de forces aussi important pour de si faible cibles? Dix fois moins d'orcs seraient suffisants... D'un autre côté, cela corroborerait le fait que nous ayons croisé une patrouille qui aille dans cette direction...

Sothor envisageait les choses, toujours concentré sur son palantir et essayant de se remémorer les différentes positions géographiques de tout les objectifs potentiels. Et il s'avérait qu'ils avaient plusieurs options.

Selon lui, la meilleure serait de rallier ces communautés aux différents convois pour sauver leurs vies. Elendil, Faeroment ou Lireliémiliath-Lorelenemilor devait être en mesure de les convaincre. Ils pouvaient même envisager une politique de terre brulée pour écœurer les peaux vertes et les forcer à se focaliser sur d'autres objectifs.
Sothor envisageait aussi les futures demandes de son roi : Une fois le gros de la troupe orc partie en conquête, il leur serait plus aisé de se charger du pont, coupant ainsi toute retraite à l'armée en mouvement. Et s'ils longeaient bien la rivière, l'armée des Edains pourrait plus facilement entrer en conflit, acculant les peaux vertes entre l'enclume qu'était le fleuve et le marteau des armées.

D'un point de vue purement tourné vers l'intérêt de son peuple, Sothor dirait qu'il suffisait que tous les convois fassent un léger écart de leur trajet d'origine. Les orcs et les Edains ne se croiseraient ainsi pas et ils devraient pouvoir atteindre leur destination aisément. Au prix de nombreuses vies de gens qu'il ne connaissait pas. Mais ce genre de raisonnement n'était pas le sien. Ils avaient la possibilité de sauver des vies, et ils devaient le faire.

Mais pourquoi autant d'orcs pour ces trois petits villages? Ils devaient envisager de poursuivre leur route, certainement vers le sud... Et dans ce cas, il y avait une menace audacieuse à faire: Contacter Bree et les Noldors pour coincer les orcs face à deux armées qui rejoindraient la jonction du fleuve et de la route, et les Edains qui contournerait celle-ci pour lui couper la retraite. L'impact politique d'une telle victoire conjointe serait un bénéfice important pour le peuple d'Amandil. Au prix d'un très lourd retard sur leur avancée vers le lac Evendim, certes, mais dans ce cas le jeu n'en vaudrait-il pas la chandelle?

Sothor entrevoyait de plus en plus les intentions des peaux vertes, mais quitte à être concentré sur son palantiri, il se devait de récupérer le maximum d'informations. Par la suite, il en ferait une brève synthèse qu'il relaierait jusqu'à Elendil, accompagné d'un plan général de la suite des opérations telles qu'il les voyaient. Et il insisterait sur le fait qu'il fallait prévenir Gil-Galad pour en appeler à ses dons de clairvoyance. Il était peut être le seul capable d'anticiper les choses avec assez de justesse pour appréhender la situation depuis le meilleur angle...

En attendant, Sothor allait faire de son mieux pour estimer le temps qu'il restait avant que les orcs ne se mettent en mouvement : en examinant les réserves d'eau et de nourriture, vérifiant les capacités de transport des chariots et surtout, il lui fallait découvrir la quantité de ce qu'ils amèneraient avec eux par rapport à leur nombre. Ainsi le général pourrait estimer leur temps prévu hors de leur base et peut être même définir leur objectif.

Il laissa ainsi voguer son esprit à nouveau sur la rive Ouest du fleuve, depuis lequel les orcs acheminaient leur matériel. Il vérifierait donc les réserves des éléments en cours de transport. Puis, il vérifierait ce qu'il y a déjà eu de transporté sur la rive Est. La somme de tout cela devrait pouvoir lui donner les indications qu'il attendait.