Méditant la réponse de Nestaid, Yávië répondit, songeuse : « Et bien je pense que les 7 mois que nous avons devant nous
vous permettront de trouver davantage de réponses ...
Je vous déchargerai de toutes les tâches que je parviendrai à accomplir pour vous dégager du temps.
Et nous veillerons ensemble au sevrage et à l'apprentissage de la chasse pour ces 4 terreurs ... »

Maintenant que sa décision était prise, Yávië pouvait se détendre.
Mais ce n'est qu'en étirant ses membres qu'elle réalisa combien elle était nouée.

Nestaid sourit, et son visage s'illumina dans une attitude qui tranchait largement par rapport à celle qu'elle venait de tenir peu avant dans la discussion.
« Vous voilà décidée. Bien. Nous avons du pain sur la planche, comme toujours...
Demain, votre emploi du temps va changer. Dès la première heure, vous irez voir Faragoll. Il habite une cabane en bordure du village, un peu plus loin dans la forêt. C'est un chasseur que je ne porte guère dans mon cœur et la réciproque est vrai. Il élève une meute de chien qu'il utilise pour ses sinistres chasses. Parmi eux, il y a une femelle assez exceptionnelle, je dois le reconnaître. Elle pourrait être d'un grand secours dans l'éducation de ces quatre là !
Faîtes en sorte que Faragoll accepte qu'elle vous suive, ou bien que vous résidiez avec lui. Peu importe, cela m'est égal. Mais je vous préviens, cela ne sera pas tâche facile, il est têtu comme un noldor. »

« Ouch ! » Yávië n'avait jamais entendu Nestaid jurer de la sorte, et cela lui fit bien comprendre l'ampleur de l'inimitié existant entre deux êtres qui aimaient probablement la forêt autant l'un que l'autre mais pour des raisons diamétralement opposées ... Et l'idée de se voir propulsée comme un clou de métal entre ces genres de marteau et d'enclume remontait en son for intérieur des besoins de trésors de diplomatie ... « Je suppose déjà qu'il en sait bien plus sur moi que la réciproque et il a pu me ranger dans le même sac que vous-même ... » Yávië réfléchissit à la suite avant de poser ses autres questions : « En quoi cette chienne nous aiderait-elle ? Expliquez-moi pour que je comprenne et utilise les arguments les plus appropriés ... »

De son air sévère, Nestaid répondit :
« Hé bien, cela me semble somme toute assez évident. Cette femelle pourrait jouer le rôle de mère ou en tout cas de tutrice. Si elle accepte les petits sous sa coupe, elle participera grandement à leur sevrage et les éduquera mieux que nous ne pourrions y arriver par nous-mêmes. Le temps passe et je n'ai pas trouver de panthère pour jouer ce rôle. À mon sens, c'est la meilleure solution de substitution. Allez, et faîtes en sorte que Faragoll accepte et tant pis si je dois me passer de vos services. »

Abasourdie, Yávië répondit à Nestaid : « Vous voulez qu'une « chienne » apprenne à chasser à des « félins » ?!? Une chienne pour prendre en charge des louveteaux, j'aurais compris ; une chienne pour des panthères, je n'y aurais jamais pensé ! » papillonnant des yeux et des mains, elle repoussa l'idée même d'échouer : « Je m'efforcerais de revenir avec cette chienne. Savez-vous comment il la nomme ? »

Elle aura peut-être plus besoin de moi que ce que je ne le pensais...

Nestaid haussa les sourcils, un furtif éclair d'impatience traversa son regard mais il passa aussi vite qu'il était arrivé :
« Je suis navré, voilà bien longtemps que je n'ai pas côtoyer d'humain qui a si peu été en contact avec la nature. Jadis, j'avais déjà étudié les effets néfastes du regroupement des Hommes au sein de grandes cités. Il n'en est jamais rien ressorti de bon, à mon sens, car les vôtres délaissent trop vite les aspects de la nature au profit d'autres besoins immédiats. Et l'apaisement ainsi que le bon sens que les Valar nous transmettent à travers les merveilles d'Arda désertent alors leur cœur.
N'ayez crainte, ce séjour parmi nous vous transformera à jamais et vous en tirerez maints enseignements. Vous pouvez me faire confiance, cette femelle de la meute de Faragoll, si elle accepte les petits, remplira parfaitement son office. Pas aussi bien qu'une mère de leur propre race, bien sûr. Mais j'ai déjà procédé ainsi de nombreuses fois et les félins et les chiens ont nombre de points communs. Surtout , hélas, ceux de ce carnivore de Faragoll. Ce dernier pourrait s'inquiéter pour sa chienne lorsque les petits grandiront, mais lorsque vous la verrez, vous comprendrez qu'elle ne risque rien...
Enfin, encore faut-il qu'il accepte. Quant à revenir avec la femelle... » Nestaid éclata de rire.

« Ma foi, vous pouvez toujours essayer, ou espérer. Allons, je dois vous laisser, mes pensionnaires m'attendent et je n'ai plus votre précieuse aide pour me faire gagner du temps ! »

Surprise par la réaction de Nestaid, en calant son pas dans celui de sa formatrice pour aller finir les tâches de la journée, Yávië s'enquit de la direction précise de la maison de Faragoll, en prévision du lendemain, « à la première heure ».

Nestaid marqua un temps d'arrêt et fixa la jeune femme :
« Je n'ai pas d'autres indications à te donner que celle que je t'ai déjà fournies. Tu peux demander à Cyroen de t'y amener ou bien tu peux aller repérer le coin dès maintenant et en profiter pour te balader un peu. Bref, fais comme bon te semble, le village n'est pas très grand tu devrais trouver facilement. »

Surprise par le changement d'attitude de Nestaid, Yávië fronça les sourcils, dubitative. Qu'est-ce que j'ai encore foiré ce coup-ci ? se demandait-elle avant de confirmer
« J'y vais de suite alors ... Merci »
Et Yávië partit donc explorer le village et ses alentours ... cherchant Cyroen dans un premier temps ... Yávië ne connaissait pas Faragoll de vue et elle préférait ne pas aborder seule un personnage dont Nestaid avait si piètre opinion ....

Alors que Yàvië commençait à s'éloigner, Nestaid l'interpela à nouveau.
Sa mine ne disait rien qui vaille. Tout en parlant comme à une enfant de huit ans, elle tapota le front de la jeune fille de son index :
« Et les petits, vous les oubliez ? Qu'est-ce qu'il vont manger quand vous serez en pleine forêt hein ?
Je ne vous ai confié QUE cette responsabilité et elle n'est pas des moindre. Alors, rentrez dans votre petite tête que si j'ai le moindre doute quand à votre capacité à vous occuper correctement d'eux, je les reprends aussitôt sous ma coupe, dussè-je ne plus avoir de repos pendant deux mois ! »

Faisant les gros yeux, elle attendit de pieds ferme la réaction de la Numenorénne.

Interloquée, Yávië se retourna vers Nestaid : « Les petits viennent de manger, je pense être revenue à temps pour la suite. Je n'allait que repérer le chemin, voire tâter le terrain, pas partir tout court.
Si j'ai bien compris, il faut demander à Faragoll de nous prêter sa chienne, de préférence en la ramenant ici. Mais je compte bien être revenue sous peu pour finir ma journée auprès des petits ... »

Déglutissant d'anxiété à l'idée de se balader hors du village, seule avec les 4 petits, Yávië sourit d'un air crispé : « Et bien ça leur donnera l'occasion de se dégourdir les pattes, mais le village n'est pas clos ... et le chemin jusque chez Faragoll encore moins ; j'espère sincèrement que tout se passera bien ... On ne va quand même pas les mettre en laisse ... »

Nestaid acquiesça et soutint fermement le regard de la jeune fille :
« Ce ne sera pas une partie de plaisir, c'est une certitude, mais vous devez en passer par là c'est pour leur bien. Jeune fille, je vous ai déjà dit de cesser de vous sous-estimer, je ne sais pas quoi ajouter de plus. A moins que vous préfériez abandonner et me confier la garde des petits... »

Alors que les deux femmes se tenaient ainsi l'une à l'autre, Keena vint se lover entre les jambes de sa jeune protectrice, d'un regard plus qu'attendrissant.

« Mais cela me répugnerai car ELLE en souffrirait. » dit-elle en désignant Keena du doigt et en lui administrant une caresse.

« Dans quelques mois à peine, vous vous retrouverez peut-être avec une tigresse qui fera trois fois votre poids, capable de vous blesser à mort en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. Vous voyez où je veux en venir ? Prenez-vous par la main et aller de l'avant, pour l'amour du ciel ! »

re-déglutissant, de désarroi cette fois-ci, Yávië hocha la tête.
« Bien, je vais donc me rendre chez Faragoll pour essayer de confier « l'apprentissage de la chasse » des petits à cette chienne exceptionnelle. Je superviserai les opérations autant que possible. »
Saluant Nestaid, Yávië entreprit donc de rassembler les panthéraux dans un grand panier de transport et d'aller à la recherche de Cyroen pour qu'elle la mène à Faragoll ...

D'abord, je vois comment on s'arrange avec Faragoll, ensuite j'avise des dispositions à prendre pour l'installation des petits ... se dit-elle en chemin.

Tant qu'elle se trouvait dans l'enceinte du village, tout se passait plutôt bien. Les petits gambadaient alentour, se dirigeant vers les elfes qu'ils croisaient. Ils avaient l'habitude et connaissaient les lieux car Yàvië s'était déjà aventurée avec eux autour de la cabane de Nestaid. Keena néanmoins, agissait différemment de ses trois frères turbulents. Elle restait toujours à côté de Yàvië, ne s'en éloignant que lorsque l'appel du jeu était plus fort. Néanmoins dès lors qu'elle risquait de perdre de vue sa maman d'adoption, elle se mettait à courir vers elle et finalement, les autres suivaient.
Arrivé à l'arbre où habitait Cyroen, Yàvië la héla, sans succès, celle-ci ne se trouvait pas chez elle.

Edit MJ : phrase barrée à remplacer

Cyroen n'étant pas chez elle, Yávië partit à sa recherche, interrogeant gentiment les villageois qu'elle croisait ...

... ayant compris que son amie ne rentrerait que plus tard dans la journée, Yávië se décida à s'occuper des petits sur place, en l'attendant.
Elle s'assit confortablement et roula une boulette d'herbes pour en faire une balle qu'elle lança aux chatons. Malheureusement la boulette ne dura guère sous les assauts des jeunes griffes. Alors, récupérant sur place des petites choses pour réalimenter leurs activités, elle se concentra sur l'observation de leurs jeux, essayant de distinguer mieux les personnalités de chacun, l'organisation de leur groupe, ...

Utilisant judicieusement la complicité naturelle qui existait entre Keena et elle, Yàvië réussit à trouver le moyen pour que les petits la suive sans trop s'éparpiller. Elle se déplaça rapidement dans le village, sauf les quelques arrêt nécessaire pour que les elfes qui la croisaient câlinent les petites panthères qui étaient décidément trop adorables.

Yàvië attendit une bonne demi-heure devant l'arbre de Cyroen, en vain. Celle-ci ne montrait pas le bout de son nez. Pour autant, la jeune fille ne perdit pas de temps et mit l'attente à profit pour jouer avec les petits et leur apprendre à répondre à ses appels. Les quatre créatures faisaient preuves d'une capacité d'apprentissage qui étonna la Numenorénne. Elle se sentait déjà bien plus à l'aise pour effectuer les déplacements avec eux sans craindre de les perdre.

Finalement, Cyroen arriva enfin, surprise mains contente de voir Yàvië et à peine arrivée qu'elle prenait déjà tour à tour les petits dans ses bras.

« Bonjour Yàvië, comment allez-vous, que me vaut l'honneur de votre visite ? Je passe en coup de vent, j'ai promis mon aide pour la réparation de l'habitation d'une amie. Je suis revenue chercher du matériel et vous avez de la chance de me trouver. »