Elendil parut surpris, mais il parla d'une voix bienveillante :
« Les jours de repos que nous avons dû nous arroger n'enlèvent que peu de chose à l'épreuve que nous traversons général. Je ne vois pas pourquoi vous vous excusez, car si nous avions bien décidé de scinder en deux notre peuple, nous n'avions pas encore tranché la question du nombre qui partirait avec Lireliémiliath-Lorelenemilor et ceux qui seraient du voyage principal.
Deux cents cinquante personnes est un groupe déjà non négligeable et nous nous inquiétions justement, avec Fëaromen, de la capacité d'une compagnie potentiellement plus nombreuse à pourvoir à ses besoins vitaux une fois la part de vivres que nous lui aurions attribuée, consommée. D'autre part, ma volonté est que notre installation débute au plus vite. C'est là ma priorité absolue. J'ai bien noté la réticence dont vous avez fait montre à ce sujet tout à l'heure et je suis heureux que vos propositions se conforment, malgré cela, pleinement à mes intentions.

Pendant vos réflexions, nous avons recensé, avec Fëaromen, les personnes qui - comme vous l'évoquiez - nous ralentiraient par trop. Nous en comptons parmi nous deux centaines, en comptant les blessés. Il faut rajouter à cela une cinquantaine de personnes qui souhaiteront les accompagner, je pense notamment aux enfants en bas âge. Reste donc à rajouter le nombre de soldats dans l'escorte dont vous parliez pour assurer leur protection et subvenir à leurs besoins.
A quel groupe de l'armée pensiez-vous pour cela ? Et quel nombre d'entre eux ? »

Le général se focalisa, les yeux tournés vers le ciel en signe de recherche dans sa mémoire. Encore dans cette position saugrenue, il récita:

« Ankhorn avait suggéré l'emploi de quelques hommes en avant poste entre le fleuve et les montagnes, pour surveiller les réactions ennemies. Cela représente entre dix et vingt hommes, ou éventuellement des elfes dirigés par Lorelion

Le groupe de l'assaut Ouest composé de la Garde Royale, une vingtaine de lanciers pour entourer et protéger l'avancée de la troupe de choc et une dizaine d'archers pour éviter les débordements dans un premier temps puis les fuyards dans un second.
Le groupe de l'assaut Est, avec Ankhorn, quelques rôdeurs, entre quinze et vingt cinq pour leur couverture sur la largeur de la forêt et des aventureux pour compléter le groupe jusqu'à cinquante Edains.
Le groupe de l'assaut Sud, mené par moi-même avec vingt cinq lanciers, une quinzaine de tirailleurs et quelques archers.

Lireliémiliath-Lorelenemilor, accompagnée de Thalion et Tildael puis les personnes mentionnées plus haut. J'envisage de détacher quelques elfes là-bas et entre vingt et trente soldats de l'armée régulière. Guère plus.

Et le reste sera un convoi dirigé par Faëromen, Linfëa et finalement Handor pour mes propres hommes, mes réflexions d'affectation ayant évoluée. Pour le coup, je n'ai pas compté le nombre que cela représente mais approximativement mille cinq cent à deux mille personnes. »

Elendil répondit d'un ton qui n'était pas sévère, mais curieux :
« Bien, une question général : pourquoi détacher si peu de guerriers en avant poste, pour surveiller les réactions ennemis ? La route qui mène à la tour de garde passe devant le gué. Les éventuels renforts orcs arriveront donc forcément par ce point. Or, nous avons décidé de creuser des tranchées pour fortifier ce point de passage. »

« Et bien, comme vous l'avez si bien suggéré, pour surveiller. Connaître leurs temps de réaction, s'il envoient des éclaireurs dans un premier temps par exemple montés sur leurs saletés de Wargs, s'ils abandonnent la surveillance de l'entrée de leur repaire lors des escapades en extérieur, s'il y a plusieurs entrées et ou sorties, des points de passages privilégiés pour les wargs ou piétons, comment se constituent leurs chaînes de commandement, comment piéger la zone dans le futur... De nombreux éléments que les palantirs ne pourrons nous donner

Nous mettons en œuvre tous les moyens pour réussir à triompher dans les batailles à venir, que nous avons étudiées au mieux de nos capacités il me semble. A moins que de nouveaux éléments ne nous parviennent entretemps.

Mais ma mémoire est aussi bonne que la vôtre mon roi, et vous savez pertinemment qu'une fois les Edains installés, je délaisserais l'aspect logistique de cet exode pour me consacrer à la mission qui m'a été donnée : purger les collines Evendim des souillures qui l'occupe. Et ce travail commence maintenant, dès lors que nous aurons crée une faille dans leur défense afin de toujours avoir un coup d'avance dans le futur.
Comme il s'agit des orcs les plus proches de nos futures terres, ils sont à la fois la plus grande menace pour nous, mais aussi ma première cible. »

Le général Sothor avait récité sa leçon, comme l'avancée inoxerable du temps, car c'était ainsi qu'il voyait ses prochains mois, en croisade contre les sbires de l'Ombre.

« Tousse tousse ... mon roi » Avança Linfëa : « Je pensais les guildes dans le convoi qui contournera la tour pour aller au lac Evendim directement. Je souhaitais en effet faire parti des premières lignes mais après que le général est indiqué son besoin d’avoir le guet piégé en cas de riposte des orcs je me suis dit qu’il faudrait plutôt que je reste auprès des guides pour orchestré la construction des pièges en chemin pour le lac. Puis commencer au plus vite l’installation de notre cité. Surtout qu’une assemblée importante va bientôt avoir lieu et il me semble plus il me semble plus important d’être présent avec les guides en ce moment. »

Comme souvent, la main du général s'égara dans sa barbe, alors qu'il prenait note des doléances de chacun. Cela faisait presque une journée entière que ce même problème le taraudait, et son choix se balançait sur un équilibre délicat. Au lieu d'essayer de solder le problème seul, il étala ses réflexions à haute voix

« Nous avons plusieurs certitudes. La première est que ce ne sont pas ses prouesses martiales qui détermineront la pertinence de son affectation. Ses qualités de coordinateur des travaux des guildes, en revanche, est le point crucial pour cette décision.

Nous avons besoin de quelqu'un capable de donner les bonnes consignes en l'absence de tout le Conseil du sceptre pour démarrer les fondation de notre futur royaume, ce qui n'est pas une tâche anodine, loin de là. D'un autre côté, plus vite et efficacement les fosses que j'ai demandé au droit du gué seront réalisées, plus nombreux les Edains combattant lors de la seconde bataille seront sauvés.

J'hésite...

Et pourtant, vous me connaissez depuis longtemps désormais. Je suis prêt à prendre des risques pour sauver le plus de vies possibles. Aussi, Linfëa, vous aviez proposé de mettre à profit vos ressources personnelles un peu plus tôt dans la journée; j'aimerais vous proposer de jouer sur tout les tableaux. Non pas financièrement, mais en mettant à l'épreuve votre endurance et votre force mentale.

Seriez vous capables de participer à l'assaut de la tour, en seconde ligne sous la direction d'Ankhorn, plus habitué au combats armés. Il vous faudra malgré tout garder assez de lucidité et d'énergie pour amorcer la construction des fosses dès la fin de l'affrontement. Puis une fois ce travail suffisamment avancé, diriger le groupe des blessés légers pour les ramener auprès du groupe de civils. Ce faisant, vous donnerez les consignes auprès de Handor, mon second, afin de faire faire le chemin inverse à une troupe de soldats plus frais. Et une nouvelle fois, il vous faudra faire montre de solidité mentale et physique pour être capable de créer les fondations du prochain royaume des Edains.

Vous sentez vous à la hauteur de la tâche? Sincèrement, je pense que oui. »

Linfëa ne rajouta rien, il hocha simplement la tête en direction du général et du roi.

Vous me poser la question par politesse, général, mais vous savez très bien que la réponse ne peut qu’être oui ou vu de la tournure de votre question!

Bon bon il va me falloir dormir pour plusieurs ce soir moi ... Si on prêtait assez attention au conseiller à ce moment précis on pouvait presque le voir sourire mentalement !