Les souvenirs de Yàvië
► Afficher spoilerVoici les précisions attendues pour Yàvië. Ce ne sera pas sous forme d'échanges, car il y a trop de risques d'implications avec le RP de l'histoire. Alors je vais poster plusieurs compositions qui s'appuient sur ce que je connais de Numenor, ce qui rendra la chose intéressante pour les autres aussi, soit-dit en passant. Tu poseras des questions en suivant, qui me permettront d'orienter le prochain "souvenir", un peu à la manière d'Assassin's Creed, somme toute. Tout le monde peut réagir, bien sûr.
Le temple de Melkor et l'inconnuCiter :
« Ensuite Sauron fit construire sur la colline qui était au centre d'Armenelos la Vermeille [la capitale] un gigantesque temple : il était circulaire, les murs épais de cinquante pieds, le diamètre de cinq cents pied, les murs s'élevaient à cinq cents pieds au-dessus du sol, surmontés d'une énorme coupole. Ce dôme était entièrement couvert d'argent et miroitait au soleil si bien qu'on le voyait de très loin, mais bientôt sa lueur s'éteignit et l'argent se noircit, car il y avait au milieu du temple un autel et un feu, et au milieu du dôme un trou d'où sortait une épaisse fumée. » Le Silmarillion - Akallabêth
Après avoir convaincu Ar-Pharazôn de s'adonner au culte de Melkor et de détruire Nimloth, l'arbre blanc, Sauron fit construire un temple circulaire où il fit brûler les branches de Nimloth. Par la suite, le temple devint le lieu du culte de Melkor le Libérateur, où étaient sacrifiés de nombreux Fidèles et entretenu un feu permanent. Lorsque Manwë envoya ses Aigles sous la forme d'orages pour avertir les Númenóréens, la foudre s'abattit sur le dôme du temple et le détruisit. Mais les murs restèrent debout et Sauron défia le tonnerre du haut du temple. Épargné, il devint un véritable dieu pour les Númenóréens qui lui obéirent dès lors aveuglément. Au moment de la Submersion de Númenor, Sauron se tenait sur un trône noir dans le temple et, surpris par la violence de la réaction des Valar, dut abandonner son apparence humaine pour permettre à son esprit d'échapper à la destruction et de rejoindre le Mordor.
SA 3308, sur NumenorYàvië fêtait aujourd'hui son huitième anniversaire. Elle et ses camarades d'infortune s'était rassemblés devant le temple de Melkor, guidés par les plus âgés d'entre eux qui n'avaient pas plus de quatorze printemps. La majorité des habitants de la cité, et même au-delà étaient venus assister à l’événement. Certains se présentaient là par crainte de représailles, Ar-Phârazon le doré ayant frappé la cérémonie d'un ordre de convocation, mais bien plus nombreux hélas, étaient ceux venus de leur plein grès.
Cinq ans après son inauguration, le temple de Melkor - que les elfes nommait Morgoth en Sindarin, mais la langue était désormais prohibée sur l'île - avait perdu tout éclat. Si la lueur de son immense dôme argenté avait convaincu les Numenoréens d'accepter ce projet fou, ils ne pouvaient plus que se lamenter aujourd'hui, de l'imposante et angoissante présent du temple noir, surnom que les fidèles lui avaient donné, car le métal s'était entièrement noirci. La jeune Yàvië avaient toujours connu le sinistre édifice ; elle s'y était habitué. Mais chaque fois que quelqu'un en vantait les attraits, elle désapprouvait en son fort intérieur. Son regard d'enfant ne comprenait pas ce que les gens pouvait bien lui trouver, mais elle se gardait bien de le dire. A son âge, elle avait déjà appris, dans la douleur, qu'il fallait tenir sa langue pour tout ce qui touchait le temple, le roi ou son proche conseiller Annatar.
Annatar, le vieux sage au regard si perçant, se trouvait justement là, au côtés d'Ar-Phârazon, et de la reine. La reine, dans sa robe blanche, semblait ne pas être à sa place dans ce sinistre tableau, son regard était empreint d'une tristesse dissimulée. Une estrade avait été édifiée sur l'immense parvis de l'édifice. Derrière, les immenses portes du temple étaient fermées. Devant, une dizaine de personne attendait leur supplice, attachés à un poteau, au dessus d'un bûcher. Trois soldats figuraient parmi eux, pour avoir été incapables d’arrêter l'auteur d'un vol spectaculaire qui avait rendu le roi fou de rage. Il y a un mois, en préparation de la cérémonie, la rumeur s'était répandu que Nimloth, dernier symbole de Numenor encore rattaché aux Valar, serait abattus pour être brulé en offrande à Melkor. Annatar avait dû déployer maints efforts pour convaincre Ar-Phârazon de détruire ce cadeau millénaire, reçu des Teleri du temps du règne de Tar-Aldarion, créateur de la guilde des Aventureux. La veille de la cérémonie, une autre rumeur circulait : un intrus se serait introduit dans le palais royal pour y dérober un des fruits de Nimloth, pourtant nuit et jour sous bonne garde.
La jeune fille ne prêta que peu d'attention aux discours enflammés prononcés par les adultes, dont le roi et ses proches conseillers. Elle était triste car une des sept autres personnes attachée aux poteaux n'était autre que Selma, la grand-mère d'adoption de tous les gamins de son orphelinat. Accusée de faire partie des Fidèles, comme les autres condamnés à mort, ce groupe qui menait la rébellion.
Qu'allait-ils devenir maintenant que plus personne ne s'occupait d'eux, alors même que la vie était déjà un combat de tous les jours. Yàvië ne souhaitait pas en voir plus et s’apprêtait à se détourner, entrainant avec elles ceux de ses camarades qu'elle pouvait compter comme amis. Mais le roi venait de se lever et la porte du temple s'ouvrait. La vision qui s'offrit alors à elle resterait gravée à jamais dans sa mémoire, ou plutôt dans ses cauchemars. Au centre du temple noir, sous l'immense coupole qui s'élevait à cinq-cent pieds de hauts, l'autel était recouvert des morceaux découpés de Nimloth, le magnifique arbre blanc, qui auparavant trônait sur l'esplanade du palais royal et surplombait la ville.
Depuis sa plus tendre enfance, lorsque son fardeau devenait trop lourd à porter, elle se glissait jusqu'aux hauteurs de la ville pour contempler les jardins royaux et l'arbre blanc, étincelant dans la nuit. Cette seule vision lui avait toujours redonné de l'espoir. Des larmes de tristesse, et de rage, se mirent à couler sur son visage.
Le branches blanches entassées sur plusieurs mètres de hauteur, étaient maculées d'une sève noire et rougeâtre, ce qui accentuait l'impression qu'on avait abattu là un être conscient. Annatar s'approcha de l'autel torche en main, souriant et ... jubilant. Il y jeta sans l'ombre d'une hésitation la torche. Le feu se répandit rapidement à la base mais il peina à gagner en hauteur. Le bois ne brulait que très peu et le supplice durerait des heures. Une épaisse fumée, d'une noirceur telle que jamais l'île n'en avait connu, se répandit. Elle gagna rapidement l'esplanade et la grand place, en même temps qu'une immonde odeur pestilentielle, ce qui provoqua un vent de panique dans l'assemblée.
Yàvië semblait plongée dans l'un de ses pires cauchemars. Mais les gamins des rues reprirent bien vite leurs esprits. Toujours en alerte, prompt à réagir, les plus grands virent déjà là l'occasion rêvée de profiter du trouble pour dépouiller les gens de leur bourse. Les plus petits, dont elle, s'enfuirent dans les ruelles pour se réfugier sur les toits. Leur curiosité était trop forte pour pouvoir manquer la suite des événements.
« Les fidèles, vont sûrement tenter quelque chose ! L'occasion est trop belle. » dit Emaël.
« Les fidèles ! Les Fidèles ! Tu n'as que ce mot à la bouche. Ce ne sont qu'de misérables traîtres. » argua Pharos. Et de se battre.
Yàvië s'approcha et les sépara vivement, sans difficulté.
« Taisez-vous, idiots. »Yàvië faisait figure d'autorité parmi son groupe. Elle était plus grande, plus forte et plus maline que même ceux de deux ans ses ainés.
Pharos, tombé à terre, se releva la lèvre ensanglanté et provoquant :
« T'es d'accord avec ce minable, hein Yàvië ? Pour ça que tu prends sa défense ? »D'un regard légèrement menaçant, Yavië rétorqua :
« J'en pense que jusqu'à preuve du contraire, ni le roi ni les Fidèles, ne se sont préoccupés de c' qu'on allait manger demain. »Elle poursuivit, pensive :
« En tout cas c'est ce que je pensais, avant qu'ils arrêtent Selma. »« Pfff, Selma, une résistante. N'importe quoi. Ils accusent plein de gens sans la moindre preuve. » répondit le gamin.
« Oui... mais tous ne subissent pas un tel châtiment. Et je compte bien découvrir le fin mot d' l'histoire. » souffla Yàvië en tournant son regard vers le temple. La place s'était vidée, les portes avaient été fermées et la fumée s'échappait maintenant à travers le dôme. L'odeur putride imprégnait désormais toute la cité.
La garde royale accompagnait Ar-Phârazon d'un rempart de bouclier. D'autres ratissaient les bâtiments proches.
Sur les dix condamnés à mort, sept avaient le cœur percé d'une flèche. Seul les trois soldats mourraient par le feu.