Quelques années avant les événements qui l'ont conduite à embarquer un groupe de voyageurs d'Ibra à Sacedón, Udhëzues n'était pas encore une grande navigatrice mais déjà une guide hors pair niveau 2. Elle se reposait un moment à une table de la Grande Place du faubourg, en face de boutiques fort animées, quand elle remarqua une jeune femme rondelette qui semble prendre possession de la boutique de l'orfèvre, qui était décédé la semaine passée.



« Hé! mademoiselle! Pourriez vous m'aider ? Je suis marchande d'objets reliés au voyage. Je vous ai remarqué sur votre bateau. Etes-vous intéressée à une bonne boussole en échange de votre aide ? »

« Bien sûr ! » dit la jeune femme en s'élançant à la rencontre de la commerçante.
« En quoi puis-je être utile ? »

« Je me prénomme Tregtar. Et vous ? Je suis nouvelle en cette ville. Je vends du matériel de voyage- les Ibranes qui transitent en Chalion, les Chalionnais qui se dirigent vers la montagne s'en remettront à moi pour organiser leur voyage et pour leur équipement!

Vous êtes seule sur votre bateau ? Personnellement, je possède le démon du voyage. Pas de famille, pas de petit ou petite ami(e). Je me laisse une chance de vivre une vie plus sédentaire. Aider les gens à voyager, ça me fait voyager par procuration!

Ha! Vous admirez mon équipement de cartographe et de navigation! C'est mon dada. Aussi pratique qu'un sac à dos en pleine cambrousse. Dame bateleuse, connaissez-vous bien la Nature ?

On se dit tu ? »

« Je ne sais pas... je n'ai aucune expérience de la vente, et je suis plutôt gênée et solitaire. Tu peux m'apprendre à parler en public ? »

Déjà, quelques badauds s'attroupent pour regarder les filles travailler.
Un jeune homme, goguenard, lance:




« Hé les filles, avez-vous besoin d'un homme, un vrai, pour soulever vos petites babioles ? »

« Un homme ? Un vrai ?
Tu sais ce que c'est, toi, un vrai mec ? » rétorque Udhëzues avant de réfléchir et de regarder à quoi ressemble l'andouille qui a dit ça.
Ce genre de remarque machiste à beau révéler un indéniable manque de sensibilité,
cela n'empêche qu'elle pourrait tout aussi bien provenir d'un sale petit con que d'une abominable brute épaisse ...

C'est Juan, le fils d'un débardeur. De 5e génération. Son ambition principale est d'être capable de soulever 400 kilos.
le record du port... Il a toujours considéré les bateleurs avec envie, mais ne l'a jamais exprimé à haute voix. Udhëzues... sent les émotions des gens.

Elle l'a même aidé à guérir, un jour où il s'est luxé une épaule en tentant de battre le record. Et elle lui a donné des trucs athlétiques pour mieux prendre les charges pour éviter les blessures.

Mal lui en a pris, car depuis ce temps il semble la regarde avec une certaine crainte, presque celle qu'inspire une Bruja.

Enfin, avec sa bande de copains, il se croit assez fort pour la chahuter...

Ce genre de taureau, faut « lui choper le regard et ne pas le lâcher ... jusqu'à ce qu'il se couche »
Udhëzues fixe donc Juan, droit dans les yeux, hausse les sourcils en une question muette
que même avec son intelligence limitée il devrait capter :
« veux-tu qu'on reparle devant tes copains de tes pleurs de bébé quand je t'ai remis l'épaule » ???
et attend sans ciller que la baudruche se dégonfle.

« Heu... les gars. Je crois qu'à 2 elles sont capables de soulever... des petites boîtes. Allez! On va lever de la fonte !!! »



« Géant! Tu l'as cassé, ce mec ? Oui, je connais bien mon produit. Les clients, pas trop. Tu peux m'apprendre ? »

C'est de façon autodidacte que Udhëzues a appris à aider. Sa perception, sa perspicacité et son sens de l'observation
exceptionnelle lui ont permis de développer des aptitudes à l'instruction des compétences. Lors des combats de taverne, elle s'est reconnu des talents troublants de tacticienne en sachant toujours comment aider à frapper là où ça fait mal.

Mais le plus satisfaisant, c'est de redonner confiance aux gens qui sont à bout de souffle. Elle excelle à faire surgir de leur dernières forces l'étincelle qui leur permet de se relever et de continuer face à l'adversité. Finalement, son intelligence lui permet de trouver les mots qu'il faut pour que tous maximisent leur repos, en cas de pépin.

Sans attaches à un ordre, sans cursus académique, son art durant des mois ne fut connu que des initiés. Jusqu'en ce mois de mai...

Comme d'hab, Udhëzues transportait des marchandises et des passagers vers la capitale. Sur le bord du Fleuve, un homme l'attendait.



« Jeune fille, tu es trop observatrice pour que je me déguise. Je suis Élias, maître... horloger. Permission de monter à bord ? »

« Ça va dépendre du motif pour lequel vous voulez monter Maître Élias... »
répond la jeune fille avec sérieux
« J'aime autant vous rejoindre à quai pour discuter » ajoute-t-elle en joignant l’impulsion à la parole et en se réceptionnant souplement devant l'homme.

« Dame Udhëzues, j'ai cru comprendre que vous êtes une espèce d’héroïne, aidant tous et chacun au gré de vos inclinaisons. J'ai des oreilles un peu partout sur le Fleuve! Je vous connais!

Il se peut que vous pensiez devoir cacher ces habilités comme une rose se retranche derrière ses épines, mais dites-vous qu'elles ne sont pas contraire aux enseignements des 5. Ce n'est pas de la sorcellerie, ni la volonté des Dieux: ces pouvoirs sont en vous!

Que diriez-vous de quitter quelques temps le Fleuve pour une petite reconnaissance des montagnes ? J'ai besoin d'une personne de confiance pour cartographier la région au sud-ouest de Sacedón, pour l'Académie royale du Chalion. Vous êtes experte académique en matière de Nature... et les plantes sont mon dada!

Si vous trouvez des arbres de cette liste, des ptéridophytes, de ces mono et dicotylédones, svp les indiquer sur une carte avec un code spécial, une classification selon les caractéristiques physiques de votre choix. Certaines de ces plantes rares sont très utiles en herboristerie et alchimie. Codé, svp! Je veux garder le secret, au cas où la carte tombe entre les mains de mes concurrents.

Il y a peu de dangers, mais je vous conseille d'avoir avec vous une ou deux personnes de confiance. Voici 100 couronnes pour les frais. Un mois est suffisant pour ce travail ? Je vous retrouverai à la boutique de votre amie... »

Hé oui, c'est peut-être la source de l'apprentissage de cartographe arpenteur d'Udhëzues

« Je connais un cartographe.. non, il est en Ibra et ce n'est pas encore le temps de le rencontrer. Une apprentie cartographe hexagonale ? Nan, trop loin d'ici... Ha! Oui. Je vous trouve une carte pour demain matin! Combien de jours pour vous organiser ? Je peux monter jusqu'à 120 couronnes... »

« J'ai tout mon temps... On se revoit à la boutique du Voyageur! »

Il marmonne dans sa barbe
(en ange) « Ndese tosene imeär ndiyë... ál ála menauvanture andion enenndeland ena "ëandómmmehtuli". »

Le lendemain matin, Udhëzues est de retour à Sacedón. Elle rate son réveil à l'aube. Bizarre, ce besoin de sommeil...

Elle va saluer avant le travail sa copine Tregtar. Tiens, Tregtar a reçu du matos qui attend à l'extérieur. Elle est heureuse de voir Udhëzues et fébrile:



« Udhëzues, tu est prête pour l'expédition? j'ai vu ta soeur Binjake au port il y 1 heure! Elle est partie sur le fleuve avec les passagers et le fret du jour. J'ai hâte de voyager de nouveau! Ou est-ce toi Binjake ? Vous êtes si taquines! »

C'est alors que le vieux monsieur élancé aux cheveux d'argent fait son entrée:


« Bonjour mesdames! Comme prévu, la carte réclamée! Je vois que votre équipement est prêt à l'extérieur! Quelle efficacité! Je ne vous croyais pas quand vous disiez pouvoir partir ce matin! »