► Afficher spoilerDu sang, de la sueur, des cris, des pleurs, le choc du métal, le bruit de crânes que l’on fracasse, de ventres éviscérés, le vent glacial des steppes du Nord, voilà tout dont se souvient Morten.
Son esprit est embrumé en permanence, les mêmes souvenirs de carnage revenant sans cesse. Il se déplace sans cesse, mais il n’est pas seul, d’autres l’accompagnent, d’autres sont comme lui, toujours en train de se battre.
De temps à autre, son esprit arrive à s’échapper de cette tourmente, mais là il est seul, les autres dorment dans un sommeil empli de cauchemars. Ils voient leur corps s’agiter, des cris s’échappaient, et parfois meurent dans leur sommeil, une étrange bave blanchâtre épaisse s’écoulant de leur bouche.
Puis c’est de nouveau le carnage, le sang, les armes qui s’entrechoquent. Puis de nouveau de longues marches à travers des steppes désertiques glaciales. Puis de nouveau ce même gruau blanchâtre qu’on leur sert à tous les repas.
Puis par moment, Morten s’éveille à nouveau, là il entend le clapotis de l’eau de la rivière non loin de là, le piaillement des oiseaux quand le printemps s’annonce…il perçoit la vie qui l’entoure. Ces moments de plénitude sont brefs, aussi fugace que sa propre mémoire, mais ils sont plus fréquents.
Les saisons passent et Morten s’échappent petit à petit de l’emprise que ses bourreaux ont sur lui. Les souvenirs reviennent, Il sait maintenant que son vrai nom est Brand, et qu’il a été arraché à sa famille alors qu’il fêtait à peine ses 13 ans. Il ne sait pas exactement qui sont ses bourreaux, mais ils l’ont élevé pour faire la guerre et uniquement la guerre. Ils l’ont marqué au cou, l’ont drogué en mangeant cette bouillie infâme.
Maintenant tout cela est fini, il a récupéré son nom et peut-être grâce aux Dieux s’ils existent, il a pu s’échapper. Ils l’ont traqué, mais ils ne l’ont pas trouvé…pour le moment.
Brand est libre, mais seul, seul comme il ne l’a jamais été, ses compagnons ne sont plus là… obligé de se cacher il fuit la civilisation…que sait-il d’elle d’ailleurs, rien….
Avec pour seul équipement sa vieille armure cabossé et sa fidèle double lame, il a quitté les steppes glacées du Nord pour descendre vers le Sud, se nourrissant de chasse et de cueillette. Puis il a longé un territoire de montagnes où il a pu contempler de grandes créatures ailées volant dans le ciel, et a fini par arriver dans une plaine verdoyante à flanc de colline, parsemé d’arbres fleurissant et d’oiseaux qui chantent.
Après cette période de sa vie, Brand a beaucoup voyagé afin de s’éloigner le plus possible de ses bourreaux. Il a d’abord trouvé refuge dans la région volcanique des nain, les Montagnes Rouges. Commençant par vivre caché dans la région il a au fur et à mesure rencontré les habitants, réalisant quelques tâches minières avec eux, de la chasse et d’autres activités plus ou moins lucratives. Cela lui a permis notamment de mieux connaître la région, la langue naine ainsi que leurs us et coutumes.
Commençant à avoir des doutes quand à la fidélité de certains des nains qu’il côtoyait il songea sérieusement que ses bourreaux avaient des contact parmi les nains et que sa vie était en danger ici. Il décida donc de partir et retrouver sa vie d’errance.
Brand passa alors plusieurs années à voyager et vivoter de petits contrats au sein de la Compagnie Noire, des mercenaires vendant ses services au plus offrant, mais là aussi il finit par les quitter. Il rencontra notamment un vieil ermite dans la forêt, possédant quelque chèvres. Le vieil homme avait besoin de ses services et Brand accepta de réaliser ses activités, consistant notamment à débarrasser la région de bêtes sauvages plus ou moins dangereuses, surveiller les allées et venues de certaines personnes dans des villages avoisinants, etc. Il ne questionnait jamais comment Brand exécutait ses tâches et Brand ne lui demandait pas pourquoi réaliser ces activités. Cela semblait cependant assez louche, et sa dernière mission pour le vieil homme le confirma. L’ermite annonça à Brand qu’il avait trouvé l’emplacement où vivait un ancien chef bandit « retiré » qui avait perpétré de nombreux méfaits, meurtres et enlèvements dans la région. La dernière tâche de Brand consistait à éliminer cet homme. A son habitude, il s’exécuta sans poser question, trop habitué à suivre des ordres et les exécuter froidement, dans le carnage de champs de batailles ou les escarmouches plus discrètes.
Une fois arrivée à la maison de l’ancien bandit, un peu à l'écart du village, Brand entra et trouva l’homme endormi. Sans scrupules, il l’étrangla dans son sommeil. Une fois son office fait, Brand commença à regarder autour de lui et se retourna juste à temps pour esquiver le coup de hache d’un jeune homme qui était arrivé derrière lui. Brand dégaina son épée et dans le mouvement taillada le coup du jeune homme. Celui ci s’effondra et murmura dans d’affreux gargouillis « pourquoi avez vous étranglé mon père ? ». Ironie du sort, Brand trouva sur la commode un avis de recherche pour l’ermite qui lui avait donné le contrat, qui était recherché mort ou vif pour le massacre de plusieurs soldats. L’homme qu’il venait d’assassiner avec son fils était le commanditaire de l’avis de recherche et qui avais trouvé un agent dormant d’une faction ennemie souvent soupçonné d’espionnage mais jamais pris sur le fait.
Depuis ce jour, Brand quitta la region et erra sans s'arrêter nul part pour trop longtemps. Ce n’est qu‘après de nombreuses années que la réelle aventure de sa vie était sur le point de débuter...