Voyant que soeur Jasépine allait mieux, Brand s’écarta pour la laisser respirer.

Il remarqua qu’Hector sortait du parloir et de l’abbaye à la suite des enfants, il pensa : j’imagine qu’il veut questionner les enfants. Ou bien trouver la réserve de liqueur. Dans cet ordre plutôt que l’inverse j’espère….

Quoi qu’il en soit il le laissa pour rester avec Anselme et l’accompagner si il avait d’autres tâches ou obligations dans l’abbaye, curieux de voir les activités d’un dévot de Peldora, bien que n’étant pas particulièrement proche des religions lui-même.

« Nous n’en avons malheureusement pas appris beaucoup plus. As tu d’autres choses à faire ici ? Je m’en fais peut-être trop, mais je dirais « restons sur nos gardes, l’homme en noir pourrais ne jamais être bien loin ». »

Anselme une fois sorti de l'entrevue étrange avec soeur Jasépine semblait heureux de la compagnie de Brand.
Il avait pris soin de rappeller à Roza et Hector l'auberge des Piérales, Au Pigeon Voyageur, qui permettrait une halte avent de repartir vers la capitale.

Pour sa part il prit le temps de faire visiter à Brand ce qui pouvait l'être de l'Abbaye. Notamment la partie hostelerie ou sont prodigués les soins. Il s'entretint avec les malades, prodigua lui même quelques soins et apporta des conseils tout en profitant pour noter dans son cahier de cuir ce qu'il voyait de nouveau en terme de maux ou d'afflictions.

Il proposa ensuite à Brand de rejoindre l'auberge à moins que ce dernier ne souhaita l'accompagner à la chappelle pour prier la Déesse.
Il y resta un long moment, essayant de se reconnecter avec sa divinité tutélaire, brûlant quelques bâtonnets d'encens en espérant que l'âcre fumée facilite l'arrivée de ses prières.
Enfin, il entra dans le cimetierre, l'un des lieux les plus caleme de l'édifice, il trouva sans mal la tombe de l'ancienne abesse Théreza.
Immobile, debout, les yeux mi clos, il songea à son enfance passée ici et à la bonté de l'abesse, à ses visions de la Déesse et à sa voix qu'il lui sembalit entendre parfois comme un murmure au creux de son oreille.
Le temps semblait n'avoir de prise en ces lieux. Ce ne fut que lorsque l'obscurité plongea le lieu dans les ténèbres qu'il prit conscience du temps passé ici.
« Au revoir Théréza » murmura-t-il. « Il est temps pour moi de poursuivre ce voyage dont les buts me semblent encore aussi obscurs que la présente nuit sans lune ».

Resserant sa pélerine autour de lui, il sortit du cimetière, repassa voir l'intendant pour ramasser ses affaires et retrouver sa mule. Enfin il sorti et pris les rues faiblements éclairées pour rejoindre l'auberge...

Roza se lève et titube, comme si elle allait quitter l'abbaye. À sa surprise, le souvenir du temple rouge l'avait submergée.

La virtue n'est donc pas un soulagement?

Son regard passe d'Anselme à Hector.

Si les réponses à la souffrance ne se trouvent pas ici, qu'est-ce qui m'empêche de prendre un verre? C'est bon de se sentir bien.

Roza suit Hector, clignant des yeux dans le soleil pendant qu'il interroge les enfants.

Hector, accompagné de Roza, s'approcha des enfants qui étaient repartis joués comme si de rien n'était. Lorsqu'il questionna Jarod et Irwin, Hector vit immédiatement la gêne sur leur visage.
« heu, oui Monsieur, pardon on a pas fait exprès de venir vous "espionner"....
Mais tais-toi bon sang, tu vois bien qu'il est pas venu pour nous gronder » dit Irwin à Jarod.
Jarod se sentit de suite plus à l'aise et prestement il montra du doigt un jeune garçon qui jouait un peu plus loin, boitant légèrement.
« Oui, y a le nouveau là, Orwan, il arrête pas de nous parler d'un certain Rajic...
Mais tais-toi bon sang, pourquoi tu parles aux inconnus comme ça » gronda Irwin à Jarod.
« On parle pas aux inconnus nah » pesta Irwin en tirant la langue à Hector et saisissant Jarod par le bras tout en s'éloignant tous deux dans un autre coin du jardin central.

Hector vit en effet, un assez jeune enfant, tout juste la dizaine qui jouait plus loin, boitillant légèrement et jetant discrètement des regards vers lui. Hector n'eut aucun mal à l'approcher et celui-ci baisse alors la tête. « Désolé Monsieur, et encore merci de nous avoir sauvé la dernière fois. »
Hector le questionna alors au sujet de Rajic et Elisa.
« Oh, personne n'est resté avec moi quand nous sommes arrivés dans la ville. Comme j'avais encore mal à mon pied, ils m'ont conduit ici en me disant que j'y serais bien traité. Et c'est vrai » finit par dire timidement Orwan le sourire aux lèvres.

Pendant ce temps Anselme fit la visite à Brand.
Brand put comparer sa propre expérience avec celle d'Anselme concernant les soins prodigués. Le calme et la sérénité des soeurs contrastaient avec les rituels des chamans Washars. Là bas, dans les colonies, les corps étaient peints de marques étranges, les yeux recouverts de cataplasmes gluants, les oreilles et nez saturés de chants incompréhensibles et d'odeurs nauséabondes. Dans un vacarme étourdissant, enivrant, certains s'en relevaient "indemnes", d'autres non.
Brand put de nouveau voir Anselme à l'oeuvre, prodiguant conseils et soins, remarquant par la même une légère surprise passagère auprès des soeurs, puis l'écoutant avec un respect frôlant la divination lorsqu'elles comprirent qu'il était l'un des leurs. Brand nota alors le statut très particulier d'Anselme auprès des disciples de Peldora: c'était le seul et unique homme. Anselme, lui, ne semblait pas en avoir la moindre conscience.

Vint un moment beaucoup plus solennel où Anselme alla se recueillir sur la tombe de l'Abbesse Thérésa. Les souvenirs remontèrent à la surface comme une vague venant se fracasser contres les rochers: l'Abbesse Thérésa faisait elle aussi partie des rares Elues, une de celles qui avaient le don de Peldora, tout comme Anselme.
Sur A'Arkhan, personne ne pouvait prétendre avoir vu un Dieu ou une Déesse, mais les pouvoirs de certains ne pouvaient que manifester leur existence réelle et personne ne remettait jamais cela en doute. Parmi eux certains développaient quelques rares pouvoirs appelés Bénédictions, et encore moins recevaient le Don, celui de prodiguer des Miracles en entrant directement en contact avec son Dieu/Déesse à travers des prières pour lui demander une partie de leur pouvoir.
Brand avait vu cela chez Anselme. Et Brand avait vu cela dans les colonies Washars également, mais il n'avait entendu aucun nom de Dieu prononcé. Leur pouvoir provenait d'autre chose. Quelle chose il ne le savait pas et n'avait jamais porté aucun intérêt à ça.
Soeur Thérésa fut donc une Marquée, par le sceau divin de Peldora. Elle était bonne et généreuse. Anselme se rappela son visage parcheminé enserré dans une belle chevelure soyeuse et blanche. Elle se remémora la douceur de ses mains caressant son visage lorsqu'il pleurait ou doutait, son odeur de miel lorsqu'elle revenait après s'être occupée des ruches aux abeilles. Elle était âgée mais pourtant pas tant que ça, son départ fut précipité.
Une flamme s'éteint tandis qu'une autre s'éveille pouvait-on lire en épitaphe avec la date de sa mort.

Une chose frappa alors soudainement Anselme. Cette date correspondait à celle de sa cérémonie à Ravenhorn, jour où il devint un Marqué et reçut le nom d'Anselme.