Roza progresse à travers la campagne avec ses compagnons, à peine consciente de la sauvage splendeur des espaces déserts entre les empires. Tandis que les montagnes majestueuses s'élèvent à l'est, ses yeux restent fixés sur le sentier boueux qu'ils foulent dans les vallées.

Hector, lui aussi, est silencieux et sombre. Bien que son humeur soit parfaitement en accord avec la sienne, cela ne fait rien pour l’alléger, la plongeant au contraire plus profondément dans la morose mélasse.

Lorsque la ville apparaît enfin à l’horizon, elle ne peut s’empêcher d’espérer que les échecs du passé sont derrière eux, et que cela pourrait marquer le véritable tournant d'une nouvelle page, d’un nouveau chapitre dans leur aventure.


Roza est surprise : pourquoi ne se précipite-t-elle pas à la taverne, à la recherche de l'oubli au fond d'une chope ?

« Je t'accompagne. » dit-elle simplement.

Le menton haut, les épaules droites, un vent nouveau gonflant ses voiles, elle marche aux côtés d’Anselme vers le temple de Peldora.

Brand avait repris suffisamment de force et se sentait parfaitement d’attaque. Voyant que Roza et Anselme se dirigeaient vers le temple, il se tourna vers Hector : « on les suit ? La boisson attendra, on doit bien ça à notre dévot. » Puis il leur emboîta le pas en direction du temple de Peldora.

C'était vrai ! Ils ne seraient pas allés bien loin sans l'assistance d'Anselme. Hector haussa les épaules.
« Hm. Et pourquoi pas ? »
Il emboita le pas à ses compagnons en humant les senteurs de la ville.
« Hmmm... enfin la civilisation... Fini, les Ounga Bounga, la jungle, la forêt, les péquenauds... »

La cité Anselme est traversé d'Est en Ouest par une rivière assez large qui porte le nom d' Arvesse. Vers le centre de la cité, une petite île sépare l'Arvesse en deux. C'est sur cette île que se trouve l' Abbaye de Peldora. Son accès se fait par 2 ponts l'un à l'Est l'autre à l'Ouest qui se rejoignent en un même point central à la pointe Sud de l'île. Là, moniales et visiteurs passent par un bâtiment qui dessert le reste de l'abbaye. C'est un passage obligatoire filtrant, l'accueil.
Une jeune moniale qu'une quinzaine d'années accueillent alors Anselme et ses compagnons. La surprise se lit sur son visage en voyant Anselme, et encore plus lorsque celui-ci demande à voir l'Abbesse Théréza.
La jeune moniale a dû mal à cacher ses émotions, à la surprise se mêle la gêne et une forme d'incompréhension. Elle semble dépassée et son visage s'empourpre légèrement.
« Euh, euh, je ne sais pas, euh.... attendez un instant s'il vous plait. » prononce-t-elle poliment tandis qu'elle se dirige vers l'intérieur.

Quelques longues minutes revient alors la jeune moniale accompagné d'une autre plus âgée. Anselme semble alors reconnaître Soeur Jasépine. Elle aussi a dû mal à cacher ses émotions. Soeur Jasépine, sous sa robe de bure brun clair, laisse deviner une femme d'un âge certain et aux traits avenants.

« Anselme, c'est bien toi ? comme tu as grandi.... »
« Viens, nous avons à discuter. » La tristesse se lit alors sur son visage.
« Tes compagnons peuvent entrer bien évidemment » rajoute-elle en signant de la tête vers le bas en guise de salut à Roza, Hector et Brand.
Elle glisse un mot à la jeune moniale qui s'exécute immédiatement dans sa nouvelle mission, se précipitant vers l'abbaye.

L'abbaye est plutôt grande et ses bâtiments encerclent un vaste jardin central où s'amusent des enfants (certainement orphelins). A un autre endroit des malades semblent reprendre des forces en espérant une guérison qui ne viendra peut-être jamais. Le tout entouré de moniales affairées à diverses occupations.
A un angle du carré formé par les bâtiment d'abbaye vous pouvez apercevoir une haute tour de pierre blanche: la Tour Anselme.
Vous passez lentement sous la galerie (cloître) en échangeant quelques banalités et finissez par pénétrer dans un parloir recouvert de tapis au sol et où sont disposées plusieurs chaises autour d'une table basse. Près d'une fenêtre se trouve un meuble bureau sur lequel repose matériel d'écriture et parchemins vierges.

Dans le parloir se trouve déjà la jeune moniale de l'accueil en train de préparer la table basse avec gobelets et boisson. Une fois fini, elle sort humblement de la pièce.« Merci Cyrine ».

Une fois tout le monde installé, Jasépine se tourne alors vers Anselme, l'air grave.
« Petit, je pensais que tu le savais, mais l'abbesse Théréza est morte depuis bien longtemps maintenant »

Le visage d'Anselme s'illumina lorsqu'il revit l'abbaye de son enfance.
De son regard perçant il envisageait au cours de leur cheminement tous les coins de l'édifice et de la cour intérieure notant les changements mineurs qui s'étaient produits depuis son départ et les lieux inchangés dans lesquels il avait passé tant de temps.

Il fit asseoir ses compagnons un par un tout en les présentant, d'une voie apaisante, à Jasépine. S'installant finalement en dernier, prenant soin de remettre en ordre les plis de sa tunique, il inclina légèrement la tête vers vers la nonne.

Accueillant la nouvelle de la mort de l'abesse, il eut un hochement de tête et plissa légèrement les yeux, comme pour rechercher dans sa mémoire les traits de celle qui fut comme sa mère...
Après une minute le moine dit:
« Je suis certain qu'elle accompagne désormais la Déesse qui l'a accueilli avec toute sa générosité. Je serais honoré de pouvoir aller prier sur sa tombe. »

Anselme, les yeux brillant d'humidité, enchaina: « J'espère que les affaires de l'Abbaye se passent bien, puisse la Déesse nous guider. »

Puis il ajouta. « J'aimerai vous entretenir, lorsque vous le jugerez opportun, de mes voyages et des évènements les plus récents concernant mes compagnons et moi même ainsi que des enfants que nous délivrâmes il y a quelques temps et qui partirent d'eux même, puisse Peldora veiller sur eux... »

Sur ce il prit une gorgée dans sa coupe.

Sur acquiescement d’Hector, ils emboîtèrent le pas du dévot et de Roza.

Il ne put s’empêcher de remarquer la position très avantageuse du temple dans la cité, sur cette île centrale. Il en déduit ainsi que la déesse que sert Anselme devait y avoir une place particulièrement importante.

Il suivit le dévot lors de leur entrée dans le temple et s’assit lorsqu’on lui proposa. Il salua Jasépine d’un signe de tête et un « bonjour » marmonné. Lorsqu’on lui tendit une boisson il accepta de bon cœur, mais la sentit puis s’en humecta le bout de la langue par réflexe avant de la boire, craignant trop depuis des années toute forme de poison ou de drogue qui lui seraient servis sans son consentement.

Ne sentant rien de particulier, il s’en délecta et écouta la suite de la conversation, en posant une main sur l’épaule d’Anselme à l’annonce de la mort de l’abesse Théréza, sentant qu’elle était une personne importante pour lui.

Puis il attendit patiemment la suite des événements.

Roza suit Anselme avec un nouveau sens du devoir. Accueillie par les sœurs de l’abbaye, elle s’incline à mi-hauteur, mêlant maladroitement révérence et courbette, dans une démonstration sincère de respect.

Tandis qu’Anselme converse, elle observe, comme si elle cherchait des indices sur une vie menée dans la droiture.

En suivant les autres et en pénétrant dans l'abbaye, Hector pu remarquer la richesse apparente du lieu. Fût un temps où il aurait pu venir s'y remplir les poches. Au fur et à mesure de leur chemin, il s'amusait à repérer les corniches, les échauguettes, les failles... Il s'imaginait en train de venir piller ce lieu sacré, volant une chasse d'or, un tableau, voire un baiser à quelque religieuse chaste, ou plutôt, il voyait un fantôme de son passé aller d'ombre en ombre en quête de trésors cachés et interdits.
Est-ce que cette époque lui manquait ?... Bien sûr que n... que... hm....

Ses vagabondage furent interrompus par leur arrivée dans ce petit cabinet où on leur servit le thé. Il écouta soeur Jasépine en sirotant sa coupe et en guettant la réaction d'Anselme qui resta aussi stoïque qu'à l'accoutumée.

Il tiqua quand Anselme parla des enfants et marmonna.
« Partis d'eux-mêmes... c'est vite dit. »
Puis il continua de boire.

Soeur Jasépine prit également une tasse en argile, l'approcha de ses lèvres, souffla légèrement dessus, et prit une gorgée de l'infusion d'aubépine.
Elle regarda plus attentivement les compagnons d'Anselme, posant sur chacun d'eux un regard curieux mais bienveillant.

« Je veux bien entendre ton histoire et celle de tes compagnons, nous n'avons pas de nouvelles de toi depuis ton départ lorsque tu étais encore un jeune garçon. Nous avons juste été informé de ton nouveau nom suite à ton Marquage. »

Son visage se ferme alors soudainement.

« Cette annonce a eu le mérite de raviver un peu nos coeurs suite au décès de l'Abbesse Théréza. Il faudra d'ailleurs que je te présente à notre nouvelle abbesse.
Racontes-moi en attendant...Quelle est la vie d'un Marqué et ses compagnons? » finit-elle par demander en regardant chacun à tour de rôle.

Le moine se passa la main sur le haut de son crâne luisant, sondant l'horizon par la petite fenêtre du mur face à lui. Il prit une gorgée et commença son récit.
Ce fut d'abord, brièvement, son voyage jusqu'à Ravenhorn, avec soeur Helena qui menait un groupe de pélerins jusqu'au grand temple de la capitale. L'accueil de la Patriarche Esmeralda et sa formation dans le ministère de la Déesse. Il évoqua sa passion pour s'occuper des malades et sa soif de connaissance quand à la nature des maux dont souffrent les visiteurs qui se rendaient au temple. Sans pudeur il évoquait les images fugaces de la Déesse au cours de ses songes ou parfois sa présence qu'il ressentait auprès de blessés ou malades.

Après trois années passées presque uniquement dans le temple il arpenta les rues de la cité, apportant les soins dans les taudis pauvres comme dans les demeures plus cossues. Quelques années durant cela lui permis d'affiner sa formation de dévôt jusqu'à ce qu'une vision de la Déesse concorda avec son désir de voyage et qu'il fit ses adieux au Temple de Ravenhorn pour parcourir les routes.

Il raconta un peu ce que ses compagnons avaient déjà entendu; se présenter comme un simple guérisseur et apporter le bénédiction de Peldora seulement lorsque ses hôtes y étaient disposé. Vantant les mérites de sa mule Hilda, il conta également ses rencontres sur les routes, ce marchand venu de si loin qui lui offrit cette étrange massue après la guérison de sa concubine, ou encore cette aiguille de facture naine, d'un métal inconnu qui ne s'est jamais tordue jusqu'à présent. Enfin les quelques soldats qu'il soigna dans une grange un soir d'orage et qui lui parlère de la Compagnie Noire.

Il termina son histoire par les évènements les plus récents. Sa rencontre avec le nain Gimring et le vénal Domingo, leur arrivée dans la compagnie Noire et la mission tragique pour retrouver le tableau. Il insista davantage sur la libération des enfants prisonniers et leurs confrontations avec l'homme en Noir.

Finalement, tournant alors sa tête vers Hector il demanda:
« Montrons donc ce tableau, ces temples représentés ne m'évoquent rien. Cela vous fait il penser à quelque chose en particulier ? »
Au même moment il sortit de sa besace son épais cahier relié de cuir et encore autre chose de sa bourse...
« Je voudrais aussi vous montrer cela » dit-il en exhibant un étrange cristal rouge non taillé
« et sans aucun rapport ce croquis également » en dépliant une page sur laquelle figure un schéma précis de la créature ailée trouvée sur leur chemin...

« Voyez vous, voyager m'a jusqu'à présent certes comblé de connaissances mais encore plus de questions... » conclut il.

Brand écouta religieusement leur compagnon, ce qui était très à propos. Il se rendit compte que malgré les nombreux jours passés avec Anselme, ils n’avaient jamais évoqué aussi en détail son passé. Cela lui permis ainsi d’en apprendre plus sur le dévot.

Lorsqu’il commença à déballer les différents objets et croquis relatifs à leurs voyages, Brand compléta le discours au moment de la présentation du cristal rouge en décrivant ce qu’ils avaient vécu dans ce temple, et regarda Roza pour chercher son approbation pour mentionner l’expérience douloureuse qu’elle y avait vécu.

Avoir des visions de la Déesse Peldora, ressentir sa présence à ses côtés, sont une chose, recevoir sa bénédiction et une partie de ses pouvoirs en est une autre.
Gravé dans sa mémoire, Anselme, ainsi, un jour de Printemps tout comme aujourd'hui, reçut le don des Miracles et sa Marque lors d'une cérémonie bien particulière, entouré de ses pairs. Il fut, à ce moment là d'ailleurs, déçu de ne pas y voir l'Abbesse Théréza qui l'avait recueilli et élevé tant il y avait de monde présent.
Depuis, dès lors qu'Anselme fait preuve de Miracles une légère marque ( symbole de Peldora ) vient briller sur son front. Marque qui disparaît aussitôt la prière terminée. note du MJ: merci de tous tenir compte de ce changement que je n'avais pas signalé jusque là

« L' Abbesse Théréza nous a quitté un jour de Printemps également » rajouta soeur Jasépine un brin de tristesse dans la voix.

Elle était très attentive au récit des aventures d' Anselme. Très réceptive également, laissant aisément transparaître ses émotions, tantôt triste lors d'évènements dangereux ou funestes, tantôt allègre lors d'évènements plus joyeux ou positifs.
Ses émotions étaient faciles à transcrire et ne s'en cacher nullement.

Elle apprécia le tableau qui était d'une grande finesse bien qu'imprécis quant à sa localité, il n'était de plus pas signé ou du moins les bords en étaient suffisamment endommagés pour ne pas en deviner l'auteur.
« Je n'ai jamais vu un tel Temple » tout en désignant du doigt le temple baigné par la lumière rougeâtre de K'Man la vieille lune rouge. « Mais celui-ci bien qu'illuminé par Lu'Mnar est de toute évidence un Temple de Sokan.
Je sais que ton corps et âme appartiennent à Peldora mais tu aurais pu le savoir ça Anselme » rajouta-t-elle, un brin moqueuse.

Lorsqu'Anselme lui présenta la pierre rouge légèrement polie, elle la prit entre ses doigts, la regarda "attentivement" quelques instants, puis te la rendit poliment« Je ne suis pas joaillère hélas, je n'y vois qu'un caillou légèrement transparent rouge ».

la pierre n'est pas aussi brillante que sur la photo

Du fond de la mémoire d'Hector, un souvenir refait surface.

« Par la Déesse, mais quelle est donc cette créature, je n'ai jamais rien vu de tel, un dessin de votre imagination j'espère... » une légère angoisse se lisant alors sur son visage.

Lorsqu' Artos conte sa propre expérience avec le Temple Rouge, le visage de Jasépine se ferma, l'air très pensive. « Il faut m'en dire plus sieur.... Artos ? C'est bien ça ? »
Concernant ce sujet, il va falloir être précis, merci

Roza porta la tasse de thé à ses lèvres, imitant le geste de Jasépine avec un soin presque affecté. Mais au simple énoncé du Temple Rouge, son geste se fige, sa main tremble imperceptiblement, et son regard se voile d’une ombre fugace. Une mémoire douloureuse, un poids ancien qu’elle croyait enfoui sous le tumulte des vagues.

Elle tourne les yeux vers Anselme.

S’il place sa confiance en Jasépine, alors je ferai de même.
Elle pose la tasse, déglutit discrètement, puis se lance d’une voix qui cherche l’insouciance mais trahit une gravité sous-jacente :

« Nous nous sommes réveillés, naufragés sur une plage où la jungle s’enfonçait dans la mer. Certains d’entre nous se sont évanouis dans les flots comme s’ils n’avaient jamais existé. D’autres, plus téméraires ou plus fous, se sont enfoncés seuls dans la végétation. Brand et moi, nous avons retrouvé Hector là-bas, suspendu comme un poisson pris à l’hameçon. »

Elle lui jette un regard en coin, un sourire moqueur effleurant ses lèvres, avant de poursuivre.

« Très vite, nous avons compris que nous n’étions pas seuls. De petites créatures à la peau verte hantaient cette jungle. Elles chevauchaient des bêtes immenses, des choses que nul parmi nous n’avait jamais vues, pas même dans les pires cauchemars d’un marin ivre. Nous avons fui leur village, nous réfugiant dans un temple dont les murs étaient incrustés de pierres semblables à celle que tu tiens en main, Jasépine. »

Elle marque une pause, pince les lèvres.

« C’est là que nous avons croisé la cabale aux manteaux rouges. Nous avons négocié un passage sûr contre notre participation à leur rituel… »

Son regard s’assombrit, et son corps se crispe presque imperceptiblement.

« Vous devrez interroger les autres pour plus de détails. Je me souviens seulement que même les étoiles étaient étranges, là-bas. Que nous avons rencontré un guerrier à la peau d’ébène, nommé Kumbo. Et qu’Anselme nous a rejoints… qu’il m’a soignée de mon… »

Elle s’arrête net, fixe un point invisible sur la table, puis inspire profondément.

« … De mon état, à notre retour, au bord des Ilôts-Terres. »

Elle laisse échapper un léger rire sans joie, puis murmure, comme si elle parlait plus à elle-même qu’aux autres :

« La dernière chose dont je me souviens, c’est mon corps nu, seul dans leur temple… mon sang s’échappant de moi, sans blessure, perlant pourtant de ma peau. »

Sa main, serrée autour de la tasse, tremble. Un filet de thé s’échappe, coule le long de la porcelaine, s’écrase sur le bois de la table. Elle jure entre ses dents.

Merde, il me faut un vrai verre de rhum.

Anselme suivit attentivement les réactions de Jasépine. Songeant que cela faisait beaucoup de questions en peu de temps, il resservit à tous un peu de thé et apporta quelques précisions.

« Merci Soeur Jasépine pour ces éclairages. En ce qui concerne les temples et la sombre magie associée à ces joyaux nous cherchons à savoir ce qui les lie et c'est pour cela que nous nous rendons à Ravenhorn. »

Il regarda alors chacun de ses compagons. Lentement il but une gorgée de la boisson désormais devenue tiède.
« Pour la créature étrange que j'ai dessinée il s'agit bel et bien de la réalité, là aussi j'espère aussi en apprendre plus à la capitale. »

Son air devint plus sombre lorsqu'il aborda le dernier sujet qui le taraudait.

« Enfin, je souhaiterai me rendre sur la tombe de l'Abesse Théréza pour prier et méditer, je suis préoccupé car j'ai l'impression de moins entendre la voix de Peldora, comme si sa présence, que je sentais autrefois si proche, s'était éloignée... Je doute parfois des chemins à suivre et cela me trouble. Notamment depuis la mort de Domingo et l'appel à la Déesse pour soigner cet enfant malade il y a quelques temps. Peut être pourriez vous me recommander à quelque docte prêtresse du temple de Ravenhorn pour m'éclairer. »

Sa tasse vide, il la reposa lentement, les mains légèrement tremblantes sur le plateau disposé devant eux.

Chronologiquement Anselme aurait dû répondre avant Roza, donc je vais mélanger un peu vos différents récits et en changer leur chronologie

Par l'unique ouverture Lu'Mnar venait frapper le sol de ses rayons ardents matinaux et commençait peu à peu à réchauffer la pièce aux épais murs de pierres blanches.
Soeur Jasépine ouvrait grand les yeux lorsqu'Anselme lui assura que la créature ailée au corps calciné existait réellement. Mais son esprit semblait lutter contre cette vérité, et ce ne fut que le son du clocher qui la réveilla de sa semi torpeur. « DONG ».

Jasépine tentait désespérément de se raccrocher à la réalité de son monde, monde qui ne contenait pas ce genre de créature.
Bien sûr, il est coutume de raconter des histoires d'horribles créatures pour faire peur aux enfants ou même aux incrédules, mais en fait, jamais personne n'avait vu autre chose que des animaux et des humains. Et lorsque que quelqu'un vient conter une histoire qui sort de l'ordinaire tout le monde pense qu'il exagère ou que K'Man a déformé sa vision.

« Hein ? euh ? mais c'est.... elle existe vraiment ? ... où est-elle donc alors ? »

A l'extérieur se faisaient entendre les cris d'enfants qui jouaient dans le grand jardin central.

Toujours sous le choc de cette révélation, Jasépine entendit alors le récit de Roza. Elle se tourna alors vers Anselme qui confirmait informellement les dires de Roza et le visage de la soeur prenait peu à peu une teinte aussi blanche que les pierres qui l'entouraient.
De toute évidence très émotive, elle avait du mal à garder son souffle et fut prit soudainement de bouffées de chaleur, ses mains s'agitant devant son visage pour lui apporter un peu de fraîcheur.
Hélas, sans effet. Son visage blanchissait de plus en plus et elle finit par s'évanouir, glissant de son fauteuil comme une feuille au grès du vent.

Comme par intuition, la jeune Cyrine entra au même moment sans frapper: « Tout va bien ? vous désirez autre chose ? » s'enquît-elle en passant la tête par la porte.
« Par la Déesse... Que se passe-t-il ? » s'inquiéta-t-elle en se précipitant vers Soeur Jasépine.

Brand écouta le récit d’Anselme et se rappela que, bien que lui-même avait vu son lot d’étrangetés dans le monde, ce n’était pas le cas de tout le monde. Il sentait bien que la pauvre Jasépine était sur le point de tourner de l’œil aussi il sentait leva presque d’un seul mouvement lorsqu’elle commença à glisser de son tabouret, juste assez rapidement pour rattraper sa tête et éviter qu’elle ne se cogne en tombant.

Il l’allongea et lui tapota la joue, puis répondit à l’autre sœur, Cyrine, qui venait de faire irruption : « pas d’inquiétude, nos récits l’ont simplement un peu bouleversé je crois. »

Puis il se tourna vers Anselme : « aurais-tu un petit remontant pour elle ? »

Anselme bien qu'ayant perçu la sensibilité de Jasépine fut surpris par son malaise.
Aussitôt il s'agenouilla aux côté de Brand et fit un rapide dignostic.
Se tournant vers soeur Cyrine, il ajouta promptement:
« Apportez moi un linge propre, de l'eau fraîche et un flacon de liqueur de rose »,
Il se rappela soudain cette spécialité de l'Abbaye, réputée pour ses vertus curatives et censée apportée la longévité...

Il appliqua alors le linge sur le frond de Jasépine et fit sentir sous ses narines le parfum sucré de la liqueur.

Décidément songea t-il, je dois vraiment ménager ses braves nonnes...

Roza est assise, apparemment transpercée par son thé, lorsque Jasepine s'évanouit.

Le froid de la pierre. Rouge. Écarlate. Une marée qui s'échappe, non des vagues, mais de moi. Chaque pore, une blessure. Leurs chants... leurs mots... des crocs qui déchirent l'âme. Je me souviens de la douleur. L'humiliation. La peur qui brûle encore, sous la peau. Comme un tatouage invisible.

Le rouge, toujours le rouge. Sur la pierre. Imprimé dans mes yeux ... dans mon esprit ...

Un tumulte. Des voix. Ses amis qui courent. Ils se penchent sur elle, Sœur Jasepine... elle est tombée. Inconsciente.

« Mon récit l'a-t-il... »

Suivant les "ordres" d'Anselme, la jeune soeur Cyrine se précipite vers l'extérieur et revient peu de temps après avec les effets demandés par le dévot.
Soeur Jasépine finit par revenir à elle grâce à l'attention d'Anselme mais reste malgré tout dans un état assez vaseux.
A l'extérieur, les cris des enfants se sont tus et une myriade d'yeux se laissent entrevoir dans l'entrebâillement de la porte. Soudain la porte cède est un tas de corps de tailles diverses s'affalent avec fracas sur le sol.
« Aie aie, ouille, mais qui a poussé ?
C'est pas moi, c'est Jarod.
Non c'est pas moi, c'est Irwin...
ça suffit maintenant les enfants, vous ne voyez pas que Soeur Jasépine est souffrante. Allez déguerpissez de là, laissez là respirer » s'énerva soeur Cyrine.
Avec un brin de dépit, les enfants se retirent non sans laisser les yeux trainer en arrière. Brand et Hector ont leur sens qui les titillent en voyant la douzaine d'enfants repartir vers les jardins au centre de l'abbaye.

Retrouvant son calme, elle se tourne alors vers le petit groupe. « Je ne sais pas ce qu'il s'est passé mais Soeur Jasépine a besoin de repos, je pense que vous devriez revenir plus tard »
Soeur Cyrine s'applique alors à s'occuper de la santé de soeur Jasépine tandis que vous sortez de la pièce.

Anselme qui connaît bien l'abbaye voit que rien n'a quasiment changé depuis le temps. Et posant un oeil plus calme sur la situation chacun peut apercevoir les va et vient incessants des soeurs occupées aux deux principales tâches de l'abbaye: recevoir les malades et soigner les blessures, et éduquer les orphelins.

À ce moment là, Hector avait deux préoccupations : Aller questionner ces orphelins, et le fait qu'il devait sûrement y avoir quelque part dans cet endroit, une réserve de cette fameuse liqueur de rose.

Malgré une envie tenace de monter un plan avec Roza pour dénicher cette oasis dans ce désert de bienséance, il suivit la voie de la raison et suivit le petit groupe d'enfants qui les espionnaient tantôt.

« Hep ! Les mecs ! » dit-il en les rattrapant.
« Euh... toi c'est Jarod, et hm... Irwin c'est ça ? Moi c'est Hector. Je suis, comme qui dirait, un aventurier. Et il se trouve que vous pourriez peut-être vous révéler d'une grande aide dans ma quête. Ça va peut-être vous sembler bizarre mais... vous ne connaîtriez pas un Rajic et une Elisa, par hasard ? » continua-t-il en leur faisant une brève description.