Quand Anselme annonça son objectif vis à vis de la Compagnie Noire, il questionna le dévot, tout en le suivant dans la pièce où il faisait installer la bassine : « savez vous ce que contient ce rouleau ? »

Puis il ajouta : « soignez notre camarade, et peut être pourrions nous discuter d’un moyen de vous remercier. Je connaît moi même la Compagnie Noire, plutôt assez bien… »

Anselme avait aménagé un coin dans la grande salle commune.
Sur une paillasse il avait installé une toile a priori inutilisée.
À côté des ustensiles demandés au tenancier étaient disposés méthodiquement ses accessoires: quelques petits flacons, une fine lame ainsi qu'une aiguille rutilante et une bobine de fil fin.
Agenouillé il marmonait une prière dans sa barbe en faisant passer d'un doigt à l'autre de sa main gauche un médaillon à l'éfigie d'un coeur larmoyant.

Il indiqua le lit de fortune à la jeune femme et l'invitant à s'asseaoir il dit d'une voix se voulant rassurante:
« Installez vous ici. Dites moi quels sont vos maux et montrez moi vos blessures... »

Roza trébuche dans la pièce, étonnamment bavarde :


« Mon prédicateur ! Mon pote ...

L'un de plus grands maux, mon plus grand défaut, c’est que j'ai l'habitude d'ajouter trop de couleur dans mes histoires.
Ainsi, les gens, parfois, n'aiment pas mes histoires.
Et ce qui n'aiment pas mes histoires ont une tendance à mourir ...
Et cela me fait me demander qui paie le coût caché de vos services.
Moi ?
Sûrement pas, mais

Vous ?
Peut-être ... ! »

Elle pivote la tête vertigineusement pour regarder ses compagnons de voyage pour s'affirmer.

« Brand,
Hector,
Hochez la tête si je me souviens bien, mais,

Cela fait trois jours et nous en avons perdu trois ou quatre de notre malheureux équipage, déjà. »

Un mélange de tristesse et d'hilarité rampe sur son visage.


« Je n'en ai aucun.
Non, soigne-les, » gesticulant vers Hector et Brand.

« Ce sont eux qui ont des blessures. Regardez, leurs vêtements leur sont collés avec du sang. »

Sa poitrine se soulève à l'effort de raconter son histoire. Ses doigts luttent avec ses boutons alors qu'elle enlève ses vêtements.

« Tout ce que j'ai fait, c'est m'allonger sur leur autel et les laisser drainer mon sang,

À travers mes pores. »

Amselme écoutait attentivement le flot de paroles en tâchant d'extraire tout indice utile à son art.
Esquissant un pâle sourire à l'évocation des coüts cachés, il ne perdit mot de la suite du discours.


Calmement il précisa
« Je vais voir cela par moi même et je m'occuperai d'eux ensuite. »

Le visage s'illumina à la mention de cette dernière phrase.
« Est-il possible de savoir de qui vous parlez et de quel autel il s'agit, je veux dire de quelle divinité, ou comment était-elle représentée. Et surtout comment a été volé votre sang ? »

Débarrassée de ses vêtements et à la lueur des multiples bougies, Anselme s'aperçoit bien vite de l'humour de façade, presque cynique de Roza, qui essaie de cacher tant bien que mal son état de fatigue extrême.
Son visage est blême, limite cireux. Bien que ne présentant pas de signe de malnutrition, la pâleur de son corps et les nombreuses petites piques rouges qui lui parcours les membres montrent clairement un état anémique avancé.
Cela peut confirmer son histoire, qui paraît pourtant extravagante.
Elle est en manque de sang.

En chancelant maintenant après l'empressement de raconter son histoire, Roza se tient nue dans la salle commune.

« J'avais les yeux bandés ...

Mais je crois qu'ils servent la lune rouge K'Mann. »

Ses yeux roulent dans sa tête, et elle tombe comme un mât cassé.

Anselme retint la fille et aidé des voyageurs ils l'installèrent sur la paillasse la plus confortable et telle une enfant la bordèrent avec une épaisse couverture.

D'un air plutôt rassuré:
« Je dirai qu'il n'y a rien de critique et que du repos, beaucoup de repos ainsi que de l'eau et un régime de coquillages et poissons avec des lentilles devrait lui permettre de recouvrer ses forces. Vous êtes finalement dans un endroit pas si pire pour cela. »

Il ajouta avec un air davantage préoccupé.
« Pour le rituel et la divinité, je ne sais pas de quel endroit vous venez, mais cela demeure hors de ma portée. »

Le visage se détendant car revenant vers des préocupations plus familières il poursuivit en se tournant vers les deux hommes
« À qui le tour maintenant ? »

« Merci. »

Brand poussa alors Hector devant lui : « occupez vous de notre ami en premier, j’en ai vu d’autres. »

« Nos blessures sont plus communes que celles de notre amie. Contusions, coupures, plaies, mais rien de bien magique de notre côté. »

Hector manque de peu de s'étaler à terre alors que Brand le pousse.
Mal à l'aise, il enlève son armure de cuir , non sans une grimace.
Il laisse à la vue de tous les blessures faites par des lames mais qui ne cache pas d'anciennes cicatrices et une diformité légère au niveau de des cotes. L'ancienne blessure a enfoncé son thorax qui s'est ressouder enfoncé.
« qu'est-ce qui est hors de votre portée? »

« Cela me paraït plus familier ici »... répliqua-t-il en installant Hector sur la paillasse préparée auparavant.

Anselme s'occupa d'humidifier les blessures et la peau pour l'assouplir tout en psalmodiant une prière presqu'inaudible.
Il cousu ensuite ce qui devait l'être et appliqua un baume avant de bander le tout.
« On changera cela demain. Un peu de calme pendant quelques jours et tout rentrera dans l'ordre. »

Puis en se tournant vers Brand, d'un ton interrogatif:
« Plus qu'un si cela est nécessaire ? »

Après Hector, Brand enleva les pièces d’armures qui couvraient ses blessures pour les exposer au dévot.

« Rien d’exceptionnel pour moi non plus. Quelques blessures, déjà soignées avec une espèce d’onguent. »

Il s’assit alors sur la table et se laissa soigner.

Anselme ausculte les blessures de Brand.
Il remarque en effet que celles-ci ont déjà bénéficié de soins sur chacune d'elles.
Après avoir inspecté les bandages, senti les plaies, Anselme en déduit en effet qu'il s'agit d'onguent à base plantes médicinales concocté sous forme d'une pâte un peu épaisse à appliquer directement sur les plaies. Chose assez classique pour quelqu'un qui s'y connaît et particulièrement pour Anselme.
Ce qu'il n'arrive pas à comprendre par contre, c'est l'odeur des onguents. Cela ne lui évoque rien. Il ne connaît pas les plantes utilisées.

Le corps de Brand est recouvert de cicatrices, il a subit de très nombreuses blessures, régulièrement.

Anselme examina attentivement les blessures du combattant.
Il psalmodia à nouveau sa prière an appliquant délicatement le bout des doigts sur les blessures.

Laissant ensuite Brand se rhabiller il dit:
« C'est du beau travail. Avec quelles plantes fut réalisé l'onguent ? Ils ne m'évoque rien de ce que j'ai pû utiliser jusqu'à présent. »

Sortant son cahier de son étui de cuir, un petit pot d'encre et une plume.
« Laissez moi quelques minutes et nous pourrons parler de la Compagnie Noire. »
Il griffona alors une page en marmonant pour lui mëme
« Une dame... État de fatigue extrëme...Rituel sur un autel... Prélèvement sanguin anormal... Deux combattants... plaies... Onguent inconnu... Odeur acidulée proche de l'ail et de la menthe... Couleur rosée... »

Puis se tournant vers les deux compagnons:
« Cet étui contient une toile peinte par un artiste. Je dois la rapporter à la Compagnie Noire »
Son visage s'attrista:
« Elle ne fut pas la mission tranquille que j'espérai... Un compagnon à rejoins ses aïeux quand un autre abandonna l'affaire... Éspérons que la suite se déroule moins mal. »

Marquant une pause:
« Et vous qu'est ce qui vous emmène voir la Compagnie Noire ? »

Roza ronfle comme un bateau qui grince contre le quai.

Hector haussa les épaules à la question du baume et dit
« nous ne pouvons vous aider sur les ingrédients utilisés pour le baume. Cela demeure un des moindres mystère liés à cette affaire.
Pour la compagnie noire, sa proximité n'est qu'une coïncidence.
Notre but premier est de reprendre des forces »

Hector exténué aussi, va chercher un lit dans la salle commune pour prendre du repos..

Voyant ses camarades rejoindre des coins de repos, Brand annonça au dévot : « discutons en plus tard si vous le voulez bien. Mes camarades et moi même sommes exténués. Comme l’a dit Hector, nous ne cherchons pas particulièrement la Compagnie Noire. J’ai officié pour leur compte pendant quelque années et il est malgré tout possible que j’y connaisse certaines personnes. Peut être pourrions nous vous accompagner à leur rencontre si nous pouvons être de n’importe quel secours, afin de repayer la dette que nous avons à votre encontre ? »

Anselme leur indiqua les paillasses les moins douteuses d'après lui.
« Je laisse mes affaires avec vous » en désignant son sac.
« Je vais tâcher de trouver un pêcheur ou autre qui pourrait nous emmener jusqu'à l'ile de la Compagnie. »
Et ne prenant que l'étui en cuir renfermant la toile sur l'épaule il sort paisiblement.

« Bon repos et à bientôt »

Sur ce il rejoignit le tenancier Angus auprès de qui il glana quelques informations puis le prêtre commanda un plateau de chopes et il s'assied auprès d'un groupe de marins attablés.
« Si vous me permettez de me joindre à vous. »
Une fois attablé, après avoir écouté humblement et répondu aux questionnements polis d'usage il s'enquit.
« Je cherche un esquif pour convoyer quatre voyageurs pour l'îlot de la Compagnie Noire dans les jours à venir, seriez vous disponible ? »

Le temps de manger et d'aller ensuite prendre soin de Roza, Brand et Hector, la nuit s'était avancée, et ne restait dans la taverne-auberge que quelques irréductibles amateurs d'alcool fort.
Ces derniers, sous l'emprise du houblon, regardent Anselme s'asseoir à leur table avec interrogation et le regard légèrement embrumé.
Les effluves de poissons se dégagent de leur corps et vêtements, et ceux-ci lui répondent pêle-mêle

« Alors Dévôt, tu as fini tes ablutions ahahah.....buuuuurrrppppp
Un esquif ? ahahah
C'est quoi ce langage, t'as mangé un noble avant de venir ou quoi ahahahah
un bateau quoi....
ya point de bateau qui s'arrête, uniquement nous et nos poissons.
Après on dit pas qu'il n'y en a jamais hein, mais c'est rare quoi
Le seul bateau qui t'embarquera c'est pour aller pêcher du poiscail
rooooooooot
ahahhahahah »

La taverne-auberge est quasi vide maintenant et seul Angus est là à attendre que ces derniers clients s'en aillent. Voyant que les choses ne semblent pas tourner de la manière dont espérait Anselme celui-ci s'en mêle de derrière son bar

« Allez les gars, il est l'heure d'aller retrouver vos femmes, et moi la mienne »

Ces derniers s'exécutent en le saluant et rotant, puis Angus reprend sa discussion:

« Tu sais, Dévôt, ils ont raison hélas. Nous ne sommes qu'un village de pêcheurs ici, et les visiteurs comme vous sont très rares.
Cependant ils partent tous à l'aube pour aller pêcher, peut-être que l'un d'eux acceptera de vous menez où vous le souhaitez contre de l'or...où du moins vous en approcher, l'île de la Compagnie est assez loin d'ici je crois. »

Anselme n'a pas d'autre choix que d'aller se coucher...


Réveillé aux aurores par Angus, Roza, Brand, Hector et Anselme auront profité d'une nuit assez calme. La première depuis plusieurs jours de tensions.

« Quelqu'un vous attends dans la salle à manger Dévôt »

Dévorant un petit déjeuner copieux comme s'il n'avait pas mangé depuis des jours, un homme de taille et corpulence moyenne, tout de cuir moulant vêtu, cheveux mi-longs bruns, la moustache fine, et l'air plutôt jovial vous accueille

« Loué soit Vigan, yé vous retrouve enfin. »

Anselme reconnaît immédiatement Ricardo, qui les avait emmené lui, Domingo et Gumring de l'île de La Compagnie Noire à celle du Plateau

VIGAN est le Dieu de la Chance et de la Bonne Fortune