Anselme fut également surpris de la loquacité soudaine du guerrier et un léger sourire se dessina sur ses lèvres en découvrant le discours prononcé.
Il ajouta d'une voix souhaitant inspirer la confiance.
« C'est que nous sommes inquiet pour ces enfants et avons eu maille à partir avec cet homme en noir. C'Est lui que nous considérons comme une menace et souhaitons juste vous apporter notre concours s'il est besoin de le remettre à la justice impériale ».

Au cas où c'est nécessaire, éloquence 26 Disciplex lance 1d100 et obtient 78 (78)

A l'extérieur la pluie redoublait de violence, l'eau ruisselait à travers tout le village. le sol était devenu boueux et glissant. Les nuages noirs chargés de pluie avaient maintenant complètement caché Lu'Mnar et une nuit précoce s'était abattu sur les alentours. Il n'y avait plus âme qui vive dans le village, tous étaient réfugiés à l'abri dans leurs maisons, âtres allumés.
Pourtant un groupe d'hommes tirant une charrette à bras avait fait irruption par le Nord.

Pendant ce temps à la maison communale une joute verbale faisait rage depuis plusieurs minutes.
Eclairée par quelques bougies et un feu en fin de vie dans l'âtre principal, le destin de plusieurs vies se jouaient en ce moment même dans cette pièce froide et humide. Brand d'habitude peu loquace exposa son sombre passé sans rien dissimulé et promettait un sort similaire aux enfants amenés un peu plus tôt.

Le gras et gros Gadar sembla pensif et ne cacha pas une pointe d'agacement.
Alors qu'il plongeait sa main dans son épaisse veste fourrée voulant y sortir un papier parcheminé replié, la porte s'ouvrit avec fracas, laissant s'engouffrer à l'intérieur une bourrasque de vent et le bruit assourdissant de la pluie, une figure ombragée trempée jusqu'au os et couverte d'un tabar long invectiva l'assemblée:

« Chef Gadar, vient vite, il est arrivé malheur aux mineurs. On les a amené auprès de Caramon »

Gadar rangea prestement le papier dans sa veste et se précipita vers le villageois qui lui susurra quelques mots rapides à l'oreille.
Gadar se retourna alors vers les gardes villageois
« Allez chercher les toiles de pluie et hâtons-nous d'aller au Temple.
Disciple, je pense que nous allons avoir besoin de votre aide.
Nous règlerons cette histoire après... » finit-il par dire à l'attention de Brand, Hector et Roza.

Anselme rajusta sa pélerine et abaissant sa capuche suivi le bourgmestre sans mot dire.
En sortant de la bâtisse il demanda.
« Qui sont ces mineurs ? »
et écoutant la réponse il entonna une prière à voix basse.

Surpris lui-même par sa loquacité soudaine, Brand se renfrogna lorsqu'il sortit pour emboiter le pas d'Anselme. Il se renferma dans sa rengaine habituelle et marmonna dans sa barbe : « décidément ce village est bien animé cette nuit... »

En sortant il essaya de regarder dans les rues si il restait quelque animation malgré la pluie battante. Une chose ne se produisant jamais seule il pensa : espérons qu'il ne s'agisse pas d'une diversion pour mobiliser la garde à un endroit du village pendant que de l'autre l'Homme en Noir capture les enfants... Il glissa ses craintes à Hector, afin de partager son inquiétude.

Voyant que tout le monde suivait le dévot et sachant que ce dernier ne pouvait être résonné dès lors qu'il y avait des personnes à soigner, il roula des yeux et emboita, sans broncher, le pas à ses compagnons.

Il écouta les craintes de son ami guerrier.
« Tu penses qu'il faudrait aller surveiller ? Ça va être très suspect si l'un de nous s'absente. En tout cas je connais déjà le chemin jusqu'à la grange. »

À la suite des autres, Roza fait écho aux appréhensions de son amie.

« Ce n'est pas une coïncidence. Suspect ou non, cela n'a pas de sens pour nous de nous éloigner directement de ce que l'homme en noir nous cache. Allons le trouver. Hector? Toi et moi? Nous tous? »

Brand ralentit le pas afin de rester à l'arrière du groupe avec Hector, et laisser les gardes le dépasser à la suite de Gadar.

« Je ne sais pas trop… Dans la confusion on ne devrait pas remarquer ton absence, mais nous sommes tous bien fatigués, nous ne devons pas prendre de risques inconsidérés. »

Il marqua une pause et continua : « surtout que nous pourrions finalement partir de ce village sur-le-champ… »

Hector réfléchit à la situation avant de susurrer à l'oreille de Roza et Brand :

« Je serais partant d'y aller pendant qu'Anselme rafistole les mineurs mais qui sait ce qui pourrait arriver si on le laisse seul ? Si vous voulez mon avis, c'est une bien étrange coïncidence que cet accident se produise pile maintenant ! De plus ta marque indique qu'IL n'est pas loin. Tant qu'il est à proximité, les enfants ne craignent pas grand chose non ? À moins qu'il ait encore des hommes de main avec lui. Auquel cas on devrait aller jeter un œil avec Roza, comme elle le suggérait. »

C'était typiquement le genre de problèmes insolubles dans lesquels les voleurs évitaient soigneusement de se mettre.
Il se tourna vers Brand.

« Après... c'est toi qui connais le mieux les méthodes de ces mecs là. »

Brand acquiesça : « les Maîtres obtiennent toujours ce qu’ils veulent. Si ils n’arrivent pas à obtenir quelque chose, ils le prennent par la force et l’échec n’est pas une option. Nous avons libéré ces enfants, c’est certain qu’il va essayer de s’en emparer à nouveau. Faisons tous ensemble un crochet voir les enfants, on rejoindra Gadar après. Mais allons-y doucement, restons cachés, et n’intervenons que si il y’a clairement du grabuge. Nous ne sommes pas près à affronter à nouveau l’homme en noir… Le plan vous convient ? »

Roza s'acquiesçant à la suggestion de Brand, la pluie dégoulinant de son chapeau et traversant ses cheveux, ajoute à son injonction : « mais, si l'occasion se présentait de lui enfoncer un morceau d'acier entre les côtes, cela réduirait certainement nos problèmes à l'avenir... »

Tout en cheminant en avant auprès de Gadar, se disant que celui-ci manquait probablement de tempérance alimentaire, Anselme essayait d'en apprendre plus sur le mineurs.
« Ainsi il y a une mine à proximité ? Que peut il bien leur être arrivé à une heure tardive ? »
Et sur un ton moins grave mais cependant sérieux
« J'avais imaginé me rendre au temple et rencontrer Caramon dans des circonstances plus conventionnelles. Hélas, j'ai l'impression que lorsque surgissent ces hommes en noir les évènements tournent au vinaigre... Puissent les Dieux nous apporter leur lumière. »

Le groupe se sépara donc en deux; Anselme accompagnant le Chef Gadar, et Hector, Roza et Brand allant jusqu'à la ferme de Marpolin s'enquérir des enfants.

Anselme avait peu à marcher pour rejoindre le Temple dédié à Sokan, le Dieu protecteur de l'Empire; ils leur suffirent de traverser la petite place devant la maison communale puis franchir le pont qui enjambait la rivière tumultueuse.
Gadar en profita pour répondre au questionnement d'Anselme:
Hector, Brand et Roza quant à eux s'engouffrent dans la noirceur diluvienne, traversant le village vers le sud pour rejoindre la ferme de Marpolin.
La pluie s'abat sur eux avec force, mouillant leurs vêtements jusqu'aux os et les alourdissant de manière oppressante. Chaque mouvement est freiné par la lourdeur des vêtements imbibés d'eau. Le chemin semble interminable et leur esprit les ramène vers le Maître.
Brand se remémore son sombre passé lié aux Maîtres, esclave de la guerre sur les terres arides Washars, passé qu'il veut oublier mais qui lui colle à la peau.
Hector qui a malgré lui aussi un passé peu reluisant s'inquiète de l'avenir des enfants. Le portait dressé par Brand lui en rappelle un autre, celui de son ancien maître Graham, une âme presque aussi noire que le Maître esclavagiste, et qui tout comme ce dernier avait la main mise sur des enfants des rues de Ravenhorn.
Roza, originaire des Ilôts-Terres, ne connaît que trop bien le destin des orphelins. Baladés à droite et à gauche au gré des orphelinats. Mais pour elle, cela faisait partie de la vie des Ilôts-Terres, une vie très dure où seuls les plus débrouillards survivent. Ces nombreux voyagent lui avaient montrés d'autres façons de voir la vie et l'avaient peut-être un peu adouci, et s'inquiétait elle aussi du sort des enfants.